Dernier verre avec The Pull (Tentation)
Entretien avec Paul Szynol, réalisateur de The Pull (Tentation)
Pourquoi avez-vous choisi d’aborder le thème de la dépendance à la drogue ?
En fait, je réalisais un film sur un projet autour de la poésie dans la prison du New Hampshire où John était incarcéré, et c’est là que j’ai pris conscience de l’ampleur du problème des opiacés, en parlant aux nombreux détenus qui purgeaient une peine pour un délit lié à la drogue. Quand John a accepté de me laisser le filmer après sa libération, je ne pensais pas qu’il reprendrait sa consommation – j’espérais qu’il resterait clean et que je pourrais le montrer en train de reprendre du poil de la bête. Mais bien entendu, ça ne s’est pas passé comme ça. Ainsi, le film devait parler de John et de sa vie après la prison, mais c’est seulement parce qu’il est retombé dans la drogue que c’est devenu le thème principal du film. J’ai eu du mal à accepter l’idée de montrer John dans un tel état de vulnérabilité, mais il voulait vraiment faire le film et je tenais à mettre son expérience en avant dans l’espoir d’apporter notre point de vue au débat sur la crise de l’opium aux États-Unis.
Comment s’est passé le tournage ?
C’était très délicat. On ne pouvait rien prévoir. Il était difficile de joindre John et de s’organiser avec lui. Je faisais régulièrement le trajet en voiture de Brooklyn au New Hampshire, parfois sans savoir si j’arriverais à lui mettre la main dessus, puis je filmais ce que je pouvais. Je n’avais que peu de mainmise sur l’histoire ou le déroulé des événements, donc j’étais contraint de filmer ce que je pouvais et d’y trouver du sens plus tard, au montage.
Vous intéressez-vous particulièrement au documentaire ? Auriez-vous envie de vous lancer dans la fiction ?
J’adore réaliser des documentaires, mais la fiction narrative m’attire aussi. Je n’ai encore rien entrepris dans ce sens, mais peut-être un jour !
Quel est votre parcours de cinéaste ?
J’ai toujours voulu faire du documentaire, mais je n’ai pas de formation théorique en cinéma, j’ai choisi de faire du droit plutôt qu’une filière artistique et j’ai fait mes armes en tant qu’avocat dans les domaines journalistiques et technologiques. Je n’avais jamais fait de cinéma jusqu’au jour où, il y a quelques années, j’ai acheté une caméra vidéo et j’ai entamé le tournage d’un court métrage en Ouganda. J’avais quand même un peu touché à la photographie, ce qui m’a aidé à trouver un langage visuel et à me lancer dans le cinéma.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Je pense qu’il est plus facile d’évaluer la progression d’un film court et de changer de cap si besoin. Et si ça ne marche pas et qu’il faille tout lâcher, les conséquences ne sont pas aussi dramatiques que pour un long, où l’on risque de gâcher plusieurs années de sa vie. Je ne sais pas si le format m’a donné une liberté au niveau artistique, mais en termes d’investissement financier et personnel, certainement.
The Pull (Tentation) a été projeté en compétition internationale.