Fête des Pères avec The Ringer
Entretien avec Chris Shepherd, réalisateur de The Ringer
The Ringer nous montre deux personnages masculins : un père et son fils. Tout d’abord, vous considérez-vous plutôt un animateur vidéo comme le fils, ou auteur comme le père ?
Je me vois dans toutes les nuances. J’ai été à la fois le père et le fils. Peut-être est-ce la même personne à différentes étapes de sa vie ?
Il existe d’autres situations dans lesquelles il peut être difficile de partager ses émotions, au travail ou en couple… Vous avez choisi d’explorer cette question au sein d’une relation père-fils. Pourquoi ce choix ?
Le film est inspiré de ma première rencontre avec mon père, j’avais 38 ans. Ce n’est pas une représentation réaliste de notre rencontre mais j’ai dessiné le film sur les émotions que j’ai ressenties.
Après avoir réalisé Bad Night For The Blues , j’ai commencé à explorer certains épisodes de ma vie en films. The Ringer est une étape de cette réflexion. J’ai passé plusieurs années à écrire des scripts de commande mais un jour j’ai eu le sentiment d’avoir perdu de vue mes aspirations en tant qu’artiste. A présent, j’essaie d’écrire uniquement à partir d’émotions réelles de ma vie et de les retranscrire dans mes films.
Je pense que si je ressens quelque chose face à une situation précise de mon histoire, le public peut le ressentir aussi.
Les séquences animées de The Ringer sont basées sur les pensées et les réactions du fils, nous montrant son ressenti intérieur. Mais le père n’a pas accès à cette introspection. Pourquoi avoir choisi de construire le film sur le point de vue du fils ? Auriez-vous pu réaliser The Ringer à partir du point de vue du père et ainsi nous faire voir ses réflexions et émotions ?
Je pense qu’un film comme The Ringer a besoin d’un angle d’approche unique. Cela nous porte, sinon on ne sait pas trop à qui se fier. L’histoire est inspirée par ma première rencontre avec mon père, et même si ça ne s’est pas passé comme ça, j’ai saisi cette rencontre par mon propre point de vue.
Le travail d’animation met donc en lumière les sentiments du fils. Je voulais, par l’animation, montrer sa vision idéalisée de la relation père-fils. Et faire un parallèle ironique et ringard au scénario Hollywoodien où tout finit bien à la fin. Dans l’animation idéalisée, le père et le fils finissent par se comprendre et se rapprocher, alors que dans le récit principal ils n’y parviennent pas. C’est ce contraste et cette juxtaposition que je recherchais dans The Ringer.
Nous ne nous confions pas toujours à travers le langage. Nous utilisons parfois des chansons qui sont en écho avec nous-mêmes, ou des films. Quels sont les films qui résonnent en vous ?
Macadam Cowboy (John Schlesinger), La garçonnière (Billy Wilder), Vol au-dessus d’un nid de coucou (Milos Forman), Magnolia (Paul Thomas Anderson), Billy le menteur (John Schlesinger).
Trouvez-vous que le court métrage soit différent du long métrage ?
Est-ce dans l’optique d’en faire un ? Les deux genres, le court et le long, sont tellement différents. Le résultat est le même mais ils ont des structures extrêmement différentes.
En métaphore d’alcoolique, je dirais que le long est comme une pinte de blonde, épaisse, brumeuse et soûlante. Alors que le court est comme un shot de whisky. Rapide, mordant et intense. Les réalisateurs de courts métrages veulent t’impressionner, te renverser en cinq minutes.
Quels sont vos prochains projets ?
Je suis en train de réaliser un clip avec Kurt Wagner (membre du jury labo 2014). C’est exaltant et vous pourrez le découvrir à la fin de l’été.
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The ringer était diffusé aux séances de la Compétition Nationale F4.