Lunch avec Réveiller les morts
Entretien avec Morgan Simon, réalisateur de Réveiller les morts
Comment vous est venue l’inspiration pour Réveiller les morts ?
Le désir initial était de faire jouer Kévin Azaïs et Julien Krug ensemble. Je voulais aussi garder des traces, en filmant ma mère et l’endroit dans lequel j’ai vécu durant 15 ans. La pellicule permettait de rendre tout cela intemporel, comme un petit récit mythologique, aussi trivial qu’intime.
Avez-vous pensé le film comme tel ou avez-vous envisagé un « avant » et un « après » ? Et un « pourquoi » ?
Mes personnages ont toujours une vie avant le film, l’histoire et les dialogues en sont chargés. Le spectateur la devine. Les fins restent ouvertes mais donnent des réponses : vont-ils se séparer ou non ? Ici, clairement, non. Quant au « pourquoi », il est nécessaire pour comprendre les motivations des personnages à faire ce qu’ils font. L’un doit faire son deuil, l’autre veut l’aider à y parvenir mais cela réveille aussi son malaise.
Êtes-vous intéressé par la thématique des relations parent-enfant et pensez-vous réaliser d’autres films autour de cette question ?
Oui c’est assez présent. Je n’ai pas le sentiment d’avoir vécu beaucoup de choses dans la vie. Mes parents sont finalement ceux avec qui j’ai passé le plus de temps. Ça déteint forcément.
Pourquoi étiez-vous intéressé par le fait de montrer dans Réveiller les morts l’attrait du surnaturel ?
Parce que le cinéma le rend possible. On n’est pas obligé de dire que c’est un rêve, tout ce que les personnages vivent, ils le vivent vraiment.
Et pourquoi avoir choisi de traiter le deuil maternel ?
Je voulais rendre ma mère immortelle.
Selon vous, les non-dits sont-ils source de souffrance ?
Ce sont en tout cas des boulets dont il est difficile de se défaire.
Avez-vous des frères et sœurs ? Pourquoi étiez-vous intéressé par ce rapport entre les deux frères ?
J’ai peu de famille et suis fils unique, travailler ces rapports dans un film c’était un peu pour moi m’attaquer à de la science-fiction !
Selon vous, est-ce que l’on cesse d’être un enfant ?
Pour le moment je n’ai pas réussi à cesser de l’être.
Pensez-vous que le court métrage soit un bon outil pour questionner la cellule « familiale » et la « méga » cellule sociétale ?
Oui parce que l’on peut y parvenir en un seul geste.
Réveiller les morts a été réalisé avec une production, une coproduction ou en auto-production française. Avez-vous écrit ce film en considérant cet aspect « français » : rattaché des références cinématographiques, construit un contexte spécifique (dans une région par exemple) ou intégré des notions caractéristiquement françaises ?
Je crois qu’il faut se libérer de ça.
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Pour voir Réveiller les morts, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F6.