Dîner avec Reflection of Power
Entretien avec Mihai Grecu, réalisateur de Reflection of Power
(Le reflet du pouvoir)
Le décor de votre film prend place à Pyongyang en Corée du Nord ; une mystérieuse montée des eaux engloutit la ville sans que cela ne perturbe les impressionnants spectacles artistiques et les activités qui s’y déroulent. Comment vous êtes-vous intéressé à ce pays ?
En étant né en Roumanie pendant la dictature de Ceausescu, j’ai des souvenirs des cérémonies dansantes à la gloire du régime et des congrès du Parti, tous retransmis à la télévision. Mais c’était les seules choses qu’on pouvait regarder à la télé, en dehors de ça, c’était du « bruit blanc ». Puis, je pensais que tout cela était une époque révolue, mais j’ai découvert qu’en fait, ce phénomène était encore bien vivant en Corée du Nord, et pire, cela a atteint des nouveaux sommets avec la dynastie des Kim. Notons que Ceausescu était un des meilleurs amis de Kim-Il-Sung, grand-père de l’actuel Kim et fondateur du régime de Pyongyang. C’est cela qui a attisé mon intérêt vis-à-vis de la Corée du Nord en premier lieu.
Certains passages font penser aux cérémonies des jeux olympiques Nord Coréens. S’agit-il de plans que vous avez tournés sur place ? Ou une partie provient d’un stock footage ?
Ce sont des images tournées sur place. Ces jeux, appelés Arirang, ont plus une fonction de propagande, que sportive ou purement artistique.
Comment se déroule un tournage en Corée du Nord ? Avez vous été libre de tourner tout ce que vous souhaitiez ?
Je ne peux pas en dire plus à part que c’est tourné sur place et que c’est quasiment impossible de faire de la vidéo, donc en général il faut se contenter de photos. Comme ce qui m’intéressait, c’était les statues à la gloire des Kim, cela n’a pas trop posé de problèmes. Par contre, il est strictement interdit de photographier ou filmer tout élément en dehors de ça, au risque d’être envoyé des années en camp de travail…
La société que vous dépeignez ressemble à un GIF qui tourne en boucle ad infinitum. Imperturbable, elle se regarde elle-même – les tableaux et la réalité se confondant dans leurs idéaux apparents -, sans se soucier de sa disparition. Selon vous, cette histoire se situe dans un futur proche ou l’allégorie tient t-elle déjà du présent ?
C’est allégorique, bien sûr.
Les inondations sont-elles fréquentes en Corée du Nord ?
Oui, cela est arrivé plusieurs fois. mais l’année dernière c’était la sècheresse.
Déjà avec Coagulate (votre film précédent), l’eau était un élément très présent. Pourquoi cette matière vous inspire autant ?
Oui cela me fascine, autant l’image de l’eau que sa charge métaphorique.
Aussi je suis très intéressé techniquement à récréer le mouvement de l’eau avec les moyens de la technologie numérique.
Avez-vous recréé des lieux avec les images de synthèses ? Ou l’eau est le seul élément de synthèse ?
Mis à part les images des jeux Arirang, tout est recrée virtuellement.
Combien de temps a représenté la partie post-production ?
6 mois.
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Pour voir The Reflection of Power, rendez-vous aux séances de la compétition labo L3.