Dernier verre avec Olga
Interview de Maxime Bruneel, réalisateur de Olga
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la séquence d’introduction, celle dans la salle de bains ? Y a-t-il volontairement sujet à quiproquo ?
Oui il y a volontairement un quiproquo, en tout cas c’était important pour moi d’ouvrir le film sur une sorte de prologue détaché du film qui présente la relation ambiguë en n’annonçant pas immédiatement la filiation.
Comment avez-vous travaillé l’image et le rapport au corps pour Olga ?
Il y’avais une volonté de climat, un appartement poisseux ou il fait très chaud, Je voulais enfermer cette histoire dans une sorte d’aquarium dans lequel la sexualité déborde.
« Torpeur tropicale » était notre thème. Le directeur de la photographie Luis Arteaga m’a énormément aidé dès l’écriture pour le traitement de l’image, nous avons choisi de placer cette histoire à une époque où les téléphones portables et les ordinateurs sont absents, dans un univers presque latino-américain des années 70 malgré le fait que les personnages parlent français.
Nous voulions des personnages sexués car la tension qui règne entre eux a à voir avec leur libido. Il fallait voir de la peau et trouver des positions qui expriment ça, comme par exemple la manière dont les femmes s’allongent sur le ventre quand elles dorment qui font d’elle des corps sans tête.
Dans Olga, vous abordez le sujet de la violence dans les rapports intimes, était-ce pour vous un moyen de créer la tension du film ou est-ce son sujet réel ?
Le sujet du film est la violence, ce qui m’intéresse c’est de partir du constat que la famille représente la sécurité et que pourtant elle peut être un milieu propice à une violence sourde et dévastatrice.
Avez-vous entrepris des recherches au sujet de la compétition affective telle qu’elle est dépeinte dans Olga ou vous a-t-elle été inspirée par une perception réelle ou un vécu ?
La volonté d’écrire ce film a été déclenchée par mon expérience personnelle mais la compétition entre les 2 femmes qui existe dans Olga prend un chemin un peu plus détourné qu’une compétition frontale, elle se définie plus par la similitude entre le type d’homme qu’Olga fréquente et l’homme qu’est devenu son fils, du coup sa belle-fille découle de ce système et ressemble à Olga, un peu comme un miroir vieillissant, elle est ce qu’Olga a été et lui montre ce qu’elle a perdu avec les années.
Enfin, pourquoi avoir choisi de mettre en scène une relation mère-fils plutôt qu’une relation père-fille, père-fils, mère-fille ou encore entre frère et sœur ?
J’ai vécu une situation qui a été difficile à comprendre et j’ai écrit ce film comme une exploration des relations troubles entre une mère et son fils. En travaillant avec les comédiens et l’équipe du film, je me suis aperçu d’une certaine universalité du sujet, ça m’a motivé pour mener à bout le projet.
Mais j’aime beaucoup les portraits de famille, il y a le cadre sur le buffet et la réalité. Si ce film est la mère, j’aimerais beaucoup faire « Père », « Frère » et « Sœur » .
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
El Club de Pablo Larrain et 45 years d’Andrew Haigh. J’ai adoré redécouvrir Kramer vs Kramer aussi.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Le festival de Clermont sera la deuxième fois que le film sera présenté au public après Angers le 25 janvier, j’ai hâte de recueillir les impressions du public et de partager cette histoire avec une grande variété de spectateurs.
Pour voir Olga, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F6.