Dîner avec Vibrato
Entretien avec Sébastien Laudenbach, réalisateur de Vibrato
Comment avez-vous procédé au travail graphique sur les différents tableaux et comment avez-vous travaillé les transitions ?
À partir d’une trame assez ténue, je suis allé au palais Garnier et j’ai pris plein de photos. Je savais que j’irais du sous-sol au toit, en animant des gouttes d’eau allant de bas en haut, dans un mouvement ascensionnel allant avec l’idée du désir et contraire à la chute des larmes et de la pluie. C’est donc beaucoup une histoire de direction. Ensuite, j’ai improvisé le film en fonction de mes envies et de mon instinct. Il n’y a eu ni scénario précis ni story-board, contrairement à ce qui se fait traditionnellement en animation.
L’anecdote de départ est-elle une histoire vraie ? Comment vous est venue l’inspiration pour ce court métrage ?
L’inspiration m’est venue du lieu lui-même, que je trouve très sensuel, et d’un souvenir personnel dans une loge. Voir le palais Garnier comme un lupanar me semblait une bonne façon de parler autrement de ce lieu souvent sacralisé. Et c’est un lieu de regards, des spectateurs vers la scène, mais aussi des spectateurs vers les autres spectateurs. On se jauge, on s’apprécie. L’anecdote est donc certainement vraie…
Qu’est-ce qui vous intéressait dans les questions du deuil et du plaisir sexuel ?
Tout comme je souhaitais apporter un regard coquin sur ce lieu rutilant, je voulais porter le même sur son architecte qui m’a toujours semblé malicieux, avec sa petite moustache. Je l’imagine bon vivant et raffiné. Cela se voit dans les courbes qu’il a dessinées. Mais cela me semblait plus fort si c’était évoqué et non montré au présent, d’où cette idée de confidence. Le deuil est arrivé presque par hasard, découlant de cette volonté de base.
Y avait-il dans vos choix une envie d’aborder en particulier la question de la sexualité dans les lieux publics ?
Non, c’était surtout par rapport à ce lieu-ci qui, comme je le dis, est déjà assez chargé en érotisme.
Comment avez-vous pensé la complicité entre les deux personnages féminins ?
Ce sont des prétextes : la jeune n’est là que pour recueillir la confidence de la plus âgée. Dans ce cimetière, j’évoque donc non seulement les voluptés d’un personnage public porté aujourd’hui au Panthéon des grands artistes français, un fleuron de notre histoire, mais aussi les souvenirs d’une femme d’un certain âge.
Avez-vous créé la bande son et comment ce travail a-t-il été construit du point de vue des intentions ? Sur le plan de la temporalité, la bande sonore a-t-elle composée à partir des tableaux ou avez-vous conçu le travail graphique à partir de la bande son créée ?
Tout le son a été créé dans un second temps à partir des images, que ce soit la musique, le chant, les bruitages, etc. Pour la musique, j’ai laissé carte blanche à Olivier Mellano, le compositeur. C’est lui qui m’a suggéré Élise Caron pour la voix chantée et parlée.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Vibrato est mon huitième court métrage. Dans chacun d’entre eux, j’expérimente !
Pour voir Vibrato, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F8.