Lunch avec Manila is Full of Men Named Boy (Les garçons de Manille)
Entretien avec Andrew Stephen Lee, réalisateur de Manila is Full of Men Named Boy (Les garçons de Manille)
Certains éléments de l’histoire sont-ils véridiques ?
Quand Michael Jackson est mort, je faisais le tour de l’Europe avec mon sac à dos, et j’ai été surpris du nombre de gens qui me faisaient leurs condoléances le jour des funérailles. Je ne connais pas du tout Michael Jackson, donc je trouvais ça plutôt rigolo. Mais en y repensant, tout cela en disait long sur la perception de l’identité. À part ça, rien d’autobiographique dans mon film, fort heureusement.
Pourquoi avoir choisi de filmer en noir et blanc ?
En fait, nous n’avons pas tourné en noir et blanc. Après chaque jour de tournage, je montais les prises effectuées dans la journée et un jour, j’ai ajouté un filtre noir et blanc pour voir ce que ça faisait. J’ai immédiatement eu l’impression que c’était mieux. Dès que j’ai fait cette suggestion à mon chef opérateur, c’est devenu un sujet de discorde. Mais j’y ai réfléchi plus longuement au fil du tournage, et j’ai compris que le film ne pouvait pas être en couleur. Pour moi, le noir et blanc permet de se détacher de la réalité – le public se rend compte qu’il regarde un film. L’absurdité est donc palpable. Finalement, c’est la question du ton de l’histoire qui nous a permis de trancher. Si le film était en couleur, je ne pense pas qu’il marcherait aussi bien.
Le ton est assez pince-sans-rire et l’humour plutôt noir. Est-ce un trait récurrent de votre travail ? Quels sont les genres et les histoires qui vous attirent ?
Avant ce film, je n’avais réalisé que des comédies dramatiques. C’était mon premier film qui adopte ce ton. On m’a toujours dit que j’avais un humour assez pince-sans-rire et absurde, ou exagéré, je suppose donc que cela devait arriver. En fait, il y a peut-être des éléments humoristiques dans mes films précédents, mais, je ne sais pas trop… En général, ce que je trouve à mourir de rire ne fait rire personne. Par exemple, l’autre jour, je suis passé en voiture devant un salon de bronzage qui avait brûlé. Le bâtiment était sécurisé et même l’enseigne était à moitié carbonisée. J’ai trouvé ça trop fort ! Donc oui, je suis attiré par ce genre d’humour, et ça va sans doute faire son chemin et se retrouver dans mes futurs films, qui visent, je pense, à montrer certaines vérités sur l’être humain. Voilà de quoi j’ai envie de parler dans mes histoires : de la complexité et de la dualité de l’existence.
Avez-vous un projet de long métrage ?
Oui ! C’est une histoire d’amour tragique au sein d’un groupe de nomades hédonistes. Je n’en dirai pas plus !
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Oui et non. Je pense que les courts métrages m’ont donné l’occasion d’essayer des choses nouvelles qui m’intéressent, mais c’est un format vraiment difficile. On pense qu’il offre plus de liberté parce qu’on peut faire des courts métrages avec des budgets plus petits, donc prendre plus de risques et en faire plein. Mais la difficulté, c’est que l’idée doit être concise et détaillée. Et trouver le bon équilibre et la bonne idée en 10, 15 ou 20 minutes peut s’avérer très dur.
Pour voir Manila is Full of Men Named Boy (Les garçons de Manille), rendez-vous aux séances du programme I11 de la compétition internationale.