Lunch avec Sega
Entretien avec Idil Ibrahim, réalisatrice de Sega
Sega est basé sur quelqu’un en particulier ? À quel point cette situation est-elle répandue au Sénégal ?
L’histoire de Sega n’est pas celle d’un individu en particulier, cependant elle a été inspirée par un certain nombre de personnes que j’ai rencontrées ou dont j’ai lu les histoires. Cette situation est plutôt commune au Sénégal. Nous avons tourné à Dakar et à Rufisque, avec des équipes et des acteurs locaux. Beaucoup de membres de l’équipe connaissaient des gens qui ont tenté de partir pour l’Europe. Quelques-uns sont morts en mer, d’autres sont encore portésdisparus et certains sont revenus à la maison. Un membre de notre équipe nous a présentésà Papalaye. Il a fait un voyage de 8 jours en mer et a passé quelques années en Espagne, tout cela pour être renvoyé au Sénégal. Nous l’avons rencontré de manière fortuite à la fin du tournage. Ainsi, la migration et la réalité de la vie au Sénégal se sont ajoutés à la trame du film où la réalité rencontre la fiction.
Un des personnages demande en quoi la situation au Sénégal est si critique pour que des jeunes hommes risquent leur vie en essayant d’atteindre l’Europe. D’après vous, quelles sont les raisons qui les poussent à prendre des décisions désespérées pour partir ?
Il y a beaucoup de facteurs complexes qui influencent la migration en Afrique de l’Ouest : les raisons économiques, le changement climatique, les conflits, etc. Cependant, au Sénégal, la raison est principalement économique. Elle est largement influencée par le changement climatique en ce qui concerne ceux qui migrent des régions rurales vers des régions pastorales.
Pouvez-vous nous parler du processus de tournage et de casting à Dakar ?
Nous avons travaillé avec Proxy Sy Productions pendant tout le projet et ils nous ont beaucoup aidés pour le casting. Nous avons fait notre casting à Dakar et à Rufisque. C’était très enrichissant. Il y avait tellement de gens talentueux, c’était extraordinaire ! J’ai été impressionnée par chaque personne auditionnée. Bien que notre acteur principal, Alassane Sy, soit un acteur professionnel, je recherchais des amateursqui pourraient jouer les autres rôles de manière naturelle. Au début, j’étais un peu inquiète. Je me disais : « Et si je ne trouve pas ce que je cherche ? ». Je me trompais complètement, j’ai eu le problème inverse. J’ai eu du mal à prendre une décision parce que j’avais l’embarras du choix. C’est à ce moment-là que j’aurais aimé faire un long métrage, pour pouvoir inclure tous les talents.
Quel est votre passé en tant que réalisatrice ?
Mon amour pour le cinéma est né quand j’étais étudiante à l’Université de Californie à Berkeley et que j’ai assisté aux cours de cinéma du professeur Loni Ding. Depuis, je me suis totalement dévouée à cette cause.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Le format court me permet d’exercer ma créativité avec moins de pression. Bien que mon approche narrative reste la même, dans ce format je peux explorer avec un peu plus de liberté. Cependant, cela encourage à être clair puisqu’on n’a pas beaucoup de temps !
Sega a été projeté en compétition internationale.