Dîner avec California on Fire (La Californie en flammes)
Entretien avec Jeff Frost, réalisateur de California on Fire (La Californie en flammes)
Vivez-vous en Californie ? Vous êtes-vous rendu sur certains lieux en particulier pour les besoins du film ? Ces incendies sont-ils fréquents ?
Je vis près de Palm Springs, en Californie. Je me suis rendu sur les lieux de plus de 70 incendies en cinq ans, dans tous les coins de l’État. La Californie s’étend sur une longueur de plus de 1200 km du nord au sud.
Le deuil est-il un de vos thèmes de prédilection ? Avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Je suis passé moi-même par ces étapes en allant d’un incendie à l’autre. Le deuil frappait tous ces gens autour de moi, les uns après les autres, mais de façon bien plus forte.
Comment avez-vous travaillé les couleurs ?
Sur Adobe Lightroom, et Premiere pour la finition.
Les sons viennent-ils d’un orgue ? Pourquoi le choix de cet effet sonore continu ?
Presque toute la bande-son a été enregistrée sur le terrain, soit avec des micros traditionnels, soit avec des capteurs de rayonnement électromagnétique. Ces capteurs permettent d’entendre le rayonnement électrique de l’électronique. J’ai enregistré, entre autres, le rayonnement électromagnétique des gyrophares des véhicules de secours. Ce qui a donné les sons très rythmés que l’on entend dans le chapitre « Marchandage ». D’autres passages, plus musicaux, ont été créés à partir d’enregistrements de terrain. Par exemple, le bruit d’un moteur de camion de pompiers en train de tourner, que nous avons filtré avec des réducteurs de bruit. Le résultat était étonnamment musical, et nous avons ensuite gonflé les fréquences pour obtenir la base de la musique du chapitre « Acceptation ».
Pourquoi les habitants (ou vous-même) restent-ils dans une région si durement touchée par les incendies ?
Beaucoup de gens déménagent pour de bon. D’autres ne sont jamais allés ailleurs, ils restent donc et reconstruisent s’ils le peuvent. Certains n’ont pas d’argent ni d’assurance. Ils se retrouvent sans-abri.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées ?
Lire des choses autour de l’art, voir des œuvres d’art, c’est cela qui m’a donné plus de liberté que tout le reste. Cette fois, c’est un court métrage. La prochaine fois, ce sera peut-être un plan de huit heures sur l’Empire State Building. Tout est possible.
Quelles sont vos œuvres de référence ?
Aucune en particulier pour ce film, sauf pour le son : pour le chapitre « Colère », je voulais reproduire ce grincement continu plein de hargne de Broken, l’EP de Nine Inch Nails. Il y a énormément de colère dans cette musique. J’ai retravaillé le son de ce chapitre jusqu’à ce qu’il me fasse ressentir cette colère dès que je l’écoutais.
Pour voir California on Fire (La Californie en flammes), rendez-vous aux séances du programme L4 de la compétition labo.