Édito – Compétition internationale 2022
What a Wonderful World
Ils partirent 6 200, et ils seront finalement 77 courts métrages dans le cadre de cette compétition internationale 2022. 84 réalisateur·trice·s et autant de regards sur le monde qui nous entoure. 55 pays représentés et autant d’histoires venues d’ailleurs. Le festival sera à nouveau l’occasion de voyager d’un bout à l’autre du globe à travers ces films, de se laisser bercer par des imaginaires inconnus ou prendre le pouls du monde.
Le genre à l’honneur
Un genre peut en cacher un autre, avec un nombre très important de fictions (animées ou en prise de vue en continu) et de documentaires pour cette sélection 2022. Côté animation, on retrouvera 16 univers visuels créatifs différents, principalement européens, avec quelques escales en Corée du Sud (Invisible Eyes, qui suit une bande d’enfants s’en prenant à une colonie de fourmis en forêt), au Canada (Marco & Polo Go Round, où une discussion de couple prend un tournant antigravitationnel) et au Mali (On the Surface, en coproduction avec l’Islande, questionne le rapport à la transmission de son héritage culturel).
Le documentaire n’est pas en reste, avec 10 films qui témoignent, montrent et racontent une réalité qui se mêle parfois à la fiction (Pa Vend, Kosovo, où l’on suit l’itinérance d’un club de ping-pong). On pourra découvrir la douceur de la côte anglaise et de son incessant ballet de marins dans The Bayview (Écosse) et l’énergie de révolte qui souffle dans la communauté queer sous le régime de Bolsonaro dans São Paulo Open Wound (Brésil). Mais quand on parle de genre, on parle aussi de fantastique, avec des créatures étranges qui peuplent certains films de cette programmation internationale. Celle de A Hidden Trail (Taïwan), où la jungle ne semble pas renfermer que des contrebandiers ; celle de Sista Äktenskapet (Suède) où un homme et une femme tentent de sauver leur couple au cœur d’une attaque de zombies ; ou encore les pouvoirs étonnants d’une paire de lunettes qui révèlent la nature secrète et phallique des hommes dans Night of the Living Dicks (Finlande).
D’une génération à l’autre
Des hommes, des femmes et des générations se croiseront dans la compétition internationale. Dans Birds, nous suivons une jeunesse lumineuse, sûre d’elle, à travers une galerie de portraits juste et positive. Dans Farrucas (Espagne),ce sont d’autres ados qui discutent de leurs espoirs et de leurs rêves. On parle aussi davantage de nos aîné·e·s cette année, et de leur révolte sourde. Une femme finit par craquer après avoir passé une journée compliquée dans Es Muss (Suisse), une autre parle sexualité avec sa grand-mère dans Bolo Raz Jedno More… (Slovénie, Pologne).
L’union de ces générations, notamment sous le prisme féminin, se retrouve également au cœur de Sisters’ Busy Hands (Taïwan, pays invité de notre édition 2023), qui suit les tribulations d’une mère, sa fille et une amie, tour à tour drôles et déterminées. Dans Mate, un jeune Australien passe son anniversaire avec un père qu’il connaît mal. Dans Night of the Living Dreads (Angleterre), une jeune femme se remémore les souvenirs honteux de son enfance et de son adolescence au moment d’aller dormir, contés par la voix de Stephen Fry.
Un monde qui change
S’émanciper de ses complexes et du regard des autres, c’est aussi un des sujets prégnants des films cette année, témoins d’un monde en pleine évolution. Nous pourrons de nouveau découvrir des portraits de femmes qui luttent pour s’émanciper, comme dans Egúngún, dernier film de la réalisatrice Olive Nwosu – dont le film précédent (Troublemaker) avait été sélectionné en Regards d’Afrique -, qui parle du rapport complexe entre celles qui partent et celles qui ont dû rester. Dans The Headhunter’s Daughter (Philippines, Etats-Unis), on suit l’itinéraire d’une jeune femme qui se rêve en cowgirl, loin de son destin tout tracé.
Dans Khushboo, un vieil indien est témoin de la modernisation accélérée de son pays et tente de retrouver le parfum des fleurs qu’il aimait tant. Enfin, bien sûr, la pandémie a également marqué les réalisateur·rice·s internationaux·ales, et est à la fois le sujet et la toile de fond de plusieurs films de cette sélection : dans Ir y Volver (Mexique, Hongrie), un jeune homme raconte comment il a vécu depuis l’Europe l’impact du Covid sur sa famille et son pays natal ; sur un ton plus léger, le film allemand Die Geheimnisvollen Inseln nous propose de suivre les pérégrinations d’un jeune homme qui attend son amant, bloqué en quarantaine dans le port d’Hambourg.
Rire, découvrir, réfléchir, s’évader, rêver, se révolter. Voici ce que promet cette compétition internationale 2022 !
Chiffres-clés
6 200 films reçus
77 films sélectionnés
51 fictions en prises de vue en continu
16 fictions animées
10 documentaires en prises de vue en continu