Breakfast avec Det Sista Äktenskapet (Le Dernier Mariage)
Entretien avec Johan Tappert et Gustav Egerstedt, réalisateurs de Det Sista Äktenskapet (Le Dernier Mariage)
Comment est né le film ?
J’ai toujours été fasciné par le fait que les humains s’adaptent aussi rapidement aux situations extrêmes. Même une énorme catastrophe, comme une guerre, ne saurait empêcher les gens de dîner avec leurs amis au milieu des ruines, puis de se disputer à cause de l’addition une fois le repas terminé. La normalité est une force puissante.
Comment avez-vous eu l’idée de situer cette crise conjugale au beau milieu d’une invasion de zombies ?
Une apocalypse zombie est une véritable catastrophe, mais elle possède un certain ressort comique. Une horde de zombies est synonyme de grand danger, mais on peut facilement imaginer que, passé un certain temps, un zombie isolé ne représenterait plus qu’une simple nuisance. La plupart des histoires de zombies se concentrent sur la catastrophe, qui survient généralement dans une banlieue résidentielle calme où des voisins se mettent soudainement à s’entretuer. Mais que se passe-t-il après ? À quel moment avez-vous suffisamment de nourriture pour être à nouveau dérangé par les bruits de mastication des gens autour de vous ?
Avez-vous rencontré des difficultés pour trouver le bon équilibre entre le côté sanguinolent et absurde du film et l’interprétation de la crise conjugale que traversent les personnages ?
Notre intention était de traiter les zombies de manière aussi peu dramatique que possible, puisque le drame réside entre les personnages principaux, et non entre le couple et les zombies. Plus nous traitions les zombies comme quelque chose de banal, plus le film devenait drôle et absurde.
Quelles consignes avez-vous données aux deux acteurs principaux ?
Quand les acteurs sont bien préparés, c’est très facile de les diriger. Notre consigne principale était de garder un aspect de normalité et d’incarner la réalité quotidienne de manière discrète et subtile. Les zombies de l’autre côté de la clôture sont comme des mouches sur une vitre : ils n’ont rien de spécial, mais agacent.
Comment vous et votre équipe responsable du décor avez-vous créé cet environnement pour le film ? Quels autres films vous ont inspiré ?
Nous avons tourné dans une petite résidence d’été en périphérie de Stockholm, et nous n’avons pas modifié grand-chose. Nous avons simplement ajouté quelques détails, comme la clôture bien sûr, mais de manière générale, tout était déjà comme ça à l’origine. C’est pour cette raison que le lieu nous a autant plu : il ressemble à une maison de vacances suédoise typique, à laquelle on peut facilement s’identifier.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqués ?
The Neighbors’ Window, qui parle des incursions d’anonymes dans la vie des autres, et comment celles-ci affectent nos sentiments vis-à-vis du monde et de nous-mêmes. Le film peut être vu comme une allégorie des réseaux sociaux, et de la manière dont nous observons la vie des autres et n’en retirons qu’une vision idéalisée qui ne représente qu’une partie de la réalité.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Il doit vous émouvoir, d’une manière ou d’une autre, et vous devez pouvoir vous identifier aux personnages et au scénario. Aller au cinéma, c’est comme aller à l’église : quand vous en sortez, vous vous sentez un peu différent. Si vous avez vu un bon film, votre vie s’est enrichie, vous voyez plus grand et vous avez peut-être même obtenu des réponses à vos problèmes du quotidien. Vous êtes alors peut-être en mesure de prendre des décisions qui changeront le cours de votre vie, ou vous vous sentez simplement le cœur plus léger.
Pour voir Det Sista Äktenskapet(Le Dernier Mariage), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.