Pays à l’honneur : un panorama suédois
La Suède, ses grands espaces, ses lacs innombrables, ses villes perdues au milieu d’immenses forêts… C’est dans cette atmosphère d’abandon que les âmes solitaires de Lisa Munth (Parasiten) ou Jonas Selberg (Höstmannen) trouvent évidement toutes leurs raisons de dépérir. Quant à Hanna, quinze ans, elle a bien décidé de ne pas se laisser gagner par l’ennui dans cet isolement et quand on est fan, on se doit d’affronter le monde et toutes les barrières, fussent-elles sa propre famille ! Annette Winbladh (Fan ta dom), si elle n’a pas grandi à la campagne, a su en tirer une histoire que beaucoup d’adolescents comprendront.
Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson nous proposent de découvrir cette immensité dans une course folle en traversant le pays du sud au grand nord dansSverige. Ces deux réalisateurs désormais incontournables dans le paysage cinématographique suédois sont à l’origine d’un court métrage qui met en valeur les qualités musicales de ce peuple dont on dit qu’ils sont les troisièmes exportateurs de musique au monde : Music for One Apartment and Six Drummers (Musique pour un appartement et six batteurs) est devenu un film culte, il serait impardonnable de le manquer s’il vous était inconnu !
Höstmannen de Jonas Selberg (Suède – 2010)
Bien au-delà des clichés d’un peuple forgé par le protestantisme et son corolaire de dogmes culpabilisants, de nombreux réalisateurs s’attacheront à dévoiler une face que l’on voudrait oublier de l’âme suédoise. Roy Andersson est un maître en la matière, son Härlig är jorgen (Monde de gloire) reste un film surpuissant, dérangeant. Peut-être a-t-il influencé Carl Johan de Geer à nous raconter sa propre histoire dans Mormor, Hitler och jag (Grand-mère, Hitler et moi). L’ambiguïté et la complexité seront au cœur de nombreux films à l’image de Majken de Andrea Östlund ou de Tvillingen de Gustav Danielsson.
L’empathie serait-elle le moteur d’une humanité que l’on voudrait construire au cœur de la société suédoise ? Karim Baker dans Malcolm nous emmène à l’extrême limite de cette compréhension de l’autre et, à l’inverse, My Sandström dans Knuffeninstaure un climat humiliant pour le protagoniste qui doit affronter la culpabilité comme une punition et une angoisse quotidiennes.
Plus généralement et à l’image d’un Swedish doctor de la conscience, c’est le courage qui fait la fierté d’un cinéma engagé. Nous reverrons, bien entendu, un des films de Jens Assur, Killing the Chickens to Scare the Monkeys (Pour l’exemple), mention spéciale du jury Labo en 2012, mais nous découvrirons aussi, lors de cette rétrospective, le film inédit à Clermont On suffocation de Jenifer Malmquist.
En filigrane de ce panorama, nous mettrons l’accent sur quelque chose d’essentiel, parfois difficile à décrire pour un Français, c’est le sens de l’humour suédois. Souvent dans l’autodérision comme dans les films de Babak Najafi Elixir ou Gösta & Lennartqui se moquent de l’image du Suédois blond et bien pensant, il devient plus étrange dans Incidenten de Henrik Andersson.
Nous pousserons vos zygomatiques à se détendre jusqu’au surprenant Las Palmas du fameux Johannes Nyholm. Les amateurs de comédies ne devront manquer sous aucun prétexte Of Biblical Proportions de Patrick Eklund sur l’art de la manipulation, et la kitschissime et désormais culte référence aux années 80 Kung Fury de David Sandberg.
Musique pour un appartement et six batteurs
de Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson (Suède – 2001)