Coup de projecteur sur l’affiche 2019
Le visuel de l’édition 2019 du festival a été réalisé par Rémi Chayé, cinéaste d’animation à qui l’on doit notamment le très beau long métrage Tout en haut du monde, sorti en 2016.
À travers cette projection à multiples niveaux, il rend hommage à la fois aux grands classiques du cinéma, au Festival comme fenêtre ouverte sur le monde, mais aussi et surtout à son public, qui fait battre le cœur de l’événement depuis plus de 40 ans. Cette juxtaposition de représentations de soi et du monde qui se confondent dans cette cour d’immeuble devenue intime laisse naître une nouvelle réalité partagée qui permettra à chacun d’y projeter ses propres rêves, ses fantasmes et ses espoirs. Car c’est aussi cela, le cinéma : un miroir tendu au public.
Invité lors de l’édition 2018, Rémi nous raconte le cheminement de sa pensée et de son crayon dans ce témoignage :
« Lors de son intervention dans le reportage projeté durant la soirée d’ouverture de l’édition 2018, la cinéaste Dyana Gaye parle du festival du court métrage de Clermont-Ferrand comme de « l’endroit où s’ouvrent le plus de fenêtres sur le monde ». Je suis assis dans la salle, invité par le Festival pour en comprendre l’esprit et l’ambiance, ainsi que pour y trouver des idées pour l’affiche de l’année suivante. Je me dis aussitôt que c’est une piste à suivre.
En rentrant chez moi, je travaille d’abord sur l’idée de personnages regardant dans de multiples fenêtres ouvertes sur de multiples mondes, sans rien trouver d’intéressant. Puis je tente de croiser cette idée avec une autre, en forme de jeu de mots, autour du thème de la cour dans le sens « cour d’immeuble ». Court métrage, cour métrage, fenêtre sur cour. J’avais fait quelques croquis de cours, sous différents angles, cherché autour de la mesure, du court, du long… Mais c’est une impasse. L’évocation des fenêtres m’est alors revenue et s’est rapidement imposée : j’aime travailler avec les reflets, les ombres, les lumières.
M’apparaît rapidement l’idée de la silhouette projetée d’un couple qui s’embrasse, motif emblématique du cinéma. J’y ajoute un public. Je trouve l’idée réjouissante parce que les spectateurs regardent ce couple hors champ dont on ne voit que la silhouette dessinée derrière eux.
Le hic, c’est que le Festival se déroulant en février, les couleurs vives sont bienvenues. Est-ce que l’équipe du festival acceptera une idée en ombre et lumière ? C’est pourtant bien cette proposition qui est retenue, je vais donc devoir tordre la lumière pour y mettre le maximum de couleurs vives. Il ne me reste plus qu’à la peindre. Ça ne sera pas une mince affaire, en particulier parce que je dois sortir du registre ombre et lumière pour travailler dans des contrastes de couleurs plus saturés.
J’espère que l’équipe du Festival et les spectateurs se reconnaîtront dans cette affiche et que cela leur parlera de leur rapport au cinéma, à l’image et à la façon de regarder les films, avec la même ferveur et le même enthousiasme dont ils font preuve depuis plus de 40 ans. »
Rémi Chayé