Dîner avec Air comprimé
Entretien avec Antoine Giorgini, réalisateur de Air comprimé
Air comprimé est un film sur l’angoisse de devenir parent. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce film ?
L’idée de ce film m’est arrivée quand je n’allais pas tarder à devenir papa. J’étais dans un drôle d’état à cette époque, je ne rentre pas dans le détail mais ce fut une attente très angoissante pour moi. J’avais peur tout simplement d’avoir un enfant. Pour plusieurs raisons, la principale étant de croire que votre enfance est définitivement terminée et que vous vous rapprochez symboliquement de la mort. Je voulais parler de cette attente particulière de l’homme qui regarde le ventre de sa femme grossir, cette métamorphose de 9 mois, physique et psychique pour les deux membres du couple. Puis, le point de départ de la fiction en tant que telle est arrivé quand j’ai lu dans un journal qu’un couple avait été pris pour cible dans la rue par des tirs de paint-ball. C’est à partir de cet événement que j’ai développé toute l’histoire de Vincent qui sombre progressivement dans un désir de vengeance sur fond de névrose prénatale.
Avez-vous eu des difficultés pour trouver l’acteur qui incarne ce futur père anxieux ?
Non, aucune difficulté. J’avais une idée assez précise physiquement de mon personnage durant l’écriture du scénario. Quand j’ai vu ensuite Thomas Blanchard dans un film, ça a fait « tilt », c’était lui qu’il me fallait. Puis nous nous sommes rencontrés, Thomas a lu le scénario, il a tout de suite compris le personnage et le ton du film, un ton « tragi-comique » « sur le fil », on ne sait pas si on doit rire ou pas…Enfin, j’espère que c’est l’impression que ça donne.
Quelle est la difficulté majeure rencontrée au cours de la réalisation de Air Comprimé ?
Globalement, le tournage d’Air comprimé s’est très bien passé. Avec mon équipe et les comédiens, nous avons passé beaucoup de temps à préparer les séquences en amont pour justement ne pas rencontrer de difficulté majeure. Par conséquent, je parlerais plutôt d’appréhension avec des journées plus tendues que d’autres. Je pense notamment à la séquence d’ouverture, celle où le couple est pris pour cible dans la rue par un tireur de paintball embusqué. Tout était prévu et tout s’est passé comme tel mais le paint-ball est une arme et elle peut faire énormément de dégâts donc forcément, on pense à l’accident. D’autant plus que Hugo, l’élève dans le film, se prend une bille dans la tête à la fin du film. La difficulté que j’ai rencontrée était donc d’ordre psychologique. J’ai mis un moment à me détendre pour pouvoir tourner sereinement cette séquence. Je déteste les tensions sur un plateau, ça me bloque. Cette séquence a été particulièrement préparée, chaque plan, chaque action et déplacement des personnages étaient calculés. Un expert en paint-ball était présent sur le plateau, il s’occupait des tirs et de la protection des comédiens, il était très professionnel. J’avais une confiance sans faille en mon équipe technique. Ça aide pour tourner ce genre de séquence. J’en profite pour saluer le travail des techniciens sur les plateaux de courts métrages qui s’investissent souvent énormément en étant peu ou pas payés. Pour un réalisateur, c’est très touchant d’assister à cette cohésion. Me séparer de cette formidable équipe n’était pas si facile non plus.
Certains réalisateurs vous intéressent-ils particulièrement dans la compétition nationale et internationale ?
Non, pas particulièrement. Ils m’intéressent tous.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Tout ça varie beaucoup selon les réalisateurs et les genres de film abordés. Je crois que le court est un format très difficile à manier. Mais il me permet d’expérimenter et de tenter des choses, ça c’est certain. Pour Air comprimépar exemple, j’ai testé une forme d’humour, un style particulier de héros, un ton de film qui serait assez difficile à développer en long, sauf si on le maîtrise parfaitement. Donc une forme de liberté, oui et non, car à part l’enjeu financier qui est moindre en court, il est possible de prendre des risques et d’obtenir autant de liberté en long, c’est un choix du réalisateur et de son producteur. Celui qui n’a pas de liberté, c’est qu’il le veut au fond.
Pour voir Air comprimé, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4.