Lunch avec Äiti (Maman)
Entretien avec Jenni Kivistö, réalisatrice de Äiti (Maman)
Votre film est un portrait très touchant. Comment avez-vous décidé de filmer ce moment d’intimité entre mère et fille ?
C’est un film très personnel, car il s’agit de ma mère et je suis la fille du film. En 2009, ma mère a appris qu’elle était atteinte de démence fronto-temporale. Le film montre une des dernières conversations que j’ai eues avec elle. Aujourd’hui, ma mère ne peut quasiment plus parler.
Que nous révèlent les extraits de son journal intime ? Comment avez-vous choisi ces extraits ?
Quand je suis tombée sur ce que ma mère avait écrit ces dernières années, j’ai été très émue. Je me sentais coupable de lire cela, mais en même temps, je trouvais ces dernières phrases de sa vie incroyablement belles et touchantes. On dirait de petits poèmes qui dévoilent sa vie intérieure, le désespoir, les pensées, les sentiments qu’elle ne pouvait plus exprimer par la parole. Lire ces quelques lignes me permettait d’entrer à nouveau en contact avec elle.
Qu’aimeriez-vous que le public retienne de votre film ?
Le public est un miroir. Je voudrais qu’il me dise pourquoi j’ai fait ce film, quel message il transmet.
Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans le cinéma ?
J’ai fait mes études à l’école de cinéma Black Maria de Bogota, car j’ai vécu six ans en Colombie. Lors de ma dernière année, j’ai fait un voyage dans le désert du nord du pays. J’ai été saisie par un étrange sentiment de familiarité en présence des indiens Wayuu qui vivent dans le désert. À ma grande surprise, j’ai obtenu une subvention de IDARTES pour réaliser un film sur ce sujet. Land Within (2016, 60 minutes) a été projeté en avant-première pour le concours Next Masters du festival DOK Leipzig en 2016 et il sera présenté au festival Punto de Vista en Espagne. Après plusieurs années en Colombie, je suis rentrée en Finlande où j’ai travaillé avec des réfugiés et réalisé des courts métrages sur le racisme et la discrimination.
Avez-vous eu des coups de cœur cinématographiques l’an passé ?
Je suis tombée amoureuse du désert et du regard sur la réalité qu’ont les indiens Wayuu. Ils croient aux rêves et à leur capacité à façonner le réel. Cet endroit m’a apporté mon inspiration cinématographique et j’ai compris que l’on pouvait aborder des réalités différentes grâce au langage cinématographique.
Si vous êtes déjà venue à Clermont-Ferrand, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur le festival ? Sinon, quelles sont vos attentes pour cette édition ?
Je ne suis jamais venue à Clermont-Ferrand. Mes attentes : une ambiance enthousiaste pour parler de la vie à travers des films passionnants.
Pour voir Äiti, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I6.