Lunch avec Ato San Nen (Encore trois ans)
Entretien avec Pedro Collantes, réalisateur de Ato San Nen (Encore trois ans)
Comment vous est venue l’idée de départ de Ato San Nen ?
Elle provient d’une anecdote qui m’est arrivée quand j’étais au Japon. Je n’arrivais pas à me faire comprendre des employés de la gare car je ne parlais pas encore japonais à l’époque. Un type qui passait par là m’a très gentiment proposé son aide en traduisant en anglais. Puis il m’a accompagné vers la sortie en me posant tout un tas de questions sur ma vie. J’ai trouvé cela bizarre, mais touchant. Il avait l’air surexcité de se faire un ami étranger. Au moment de prendre congé, il m’a demandé d’écrire mon adresse sur un calepin. J’ai écrit mon adresse e-mail, mais il a insisté pour que j’indique mon adresse postale en Espagne. Comme je n’y habitais pas à l’époque, j’ai donné l’adresse de ma mère. Et peu après, je me suis mis à imaginer ce qui arriverait s’il décidait de débarquer chez elle à l’improviste.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la question de la barrière de la langue qui transforme les échanges entre les personnages ?
Je trouve intéressant de voir que deux personnes qui n’ont pas de langue en commun parviennent tout de même à communiquer, s’ils en ressentent l’envie ou le besoin. Ce genre de situation les pousse à être créatifs et à trouver d’autres façons de s’exprimer. Parfois, cette communication simplifiée peut permettre d’aller plus au fond des choses, et de façon plus directe.
D’après vous, qu’est-ce qui dans votre film fait la belle simplicité et l’ouverture de vos différents personnages, cette capacité à accueillir l’étranger ?
Pour moi, ces deux personnages se comprennent car sous leurs multiples carapaces de conventions culturelles, de protocoles et d’habitudes, ils ont en commun une vraie peur de la solitude. Ils perçoivent l’un chez l’autre toutes ces années passées à vivre seul.
Êtes-vous intéressé par la question de l’empathie et de la compassion et pensez-vous continuer à les explorer dans vos films ?
Tout à fait. Je m’intéresse aux liens qui se tissent au-delà des cultures, des générations ou d’autres obstacles. Je suis attiré par les personnages étranges qui trainent leur solitude, cherchant quelqu’un ou quelque chose qui pourrait la soulager, et qui finissent par trouver là où ils s’y attendent le moins.
Dans quelle région avez-vous tourné le film ?
Nous avons été généreusement soutenus par la région Pays de la Loire, nous y avons donc tourné le film, dans plusieurs coins magnifiques autour de Saint-Léonard-des-Bois.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Je ne peux pas comparer avec le long métrage car je ne m’y suis pas encore essayé. En fait, Encore trois ans est, pour l’instant, le film le plus long que j’aie réalisé.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je suis venu présenter un court métrage au festival il y a deux ans, dans un programme hors compétition. J’ai été ébahi par le nombre de spectateurs et de salles, et par la qualité des programmes. Je suis enchanté d’avoir l’occasion de revenir et de montrer ce nouveau film à ce public de fans de courts métrages de Clermont-Ferrand !
Pour voir Ato San Nen, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F8.