Auteurs en résidence : Paul Nouhet
Le Label création de Sauve qui peut le court métrage – ShortCuts – vous propose de rencontrer les lauréats des résidences d’écriture 2022 de Moulins et Clermont-Ferrand à travers 4 interviews. Rencontre avec Paul Nouhet autour de son projet Le lac bleu.
Vous êtes lauréat de la résidence 2022, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Paul Nouhet, j’ai grandi à Bordeaux où j’ai commencé à faire des vidéos de skate avec mes potes. Ensuite j’ai étudié le cinéma à Bruxelles, puis j’ai intégré le département montage de la Fémis en 2016. Aujourd’hui je monte des courts métrages, j’écris et réalise des films dans lesquels j’interprète un personnage un peu dans la lune.
Pouvez-vous nous présenter l’idée de votre projet, la naissance de l’envie de travailler sur une telle thématique ?
Mon projet est inspiré d’un lac bleu au bord duquel j’allais quand j’étais ado, formé dans une ancienne carrière d’argile en Charente. On se racontait toutes sortes de trucs sur ce lac avec mes cousins, et notamment qu’il y avait une bulle qui pouvait surgir et aspirer les gens au fond de l’eau. J’ai développé cette blague en une vraie légende pour écrire ce scénario.
Comment ce projet s’inscrit dans votre travail de cinéaste ?
Le Lac Bleu (c’est le titre pour l’instant) est mon troisième court métrage de fiction après Les Méduses de Gouville et Camille Sans Contact. J’aime bien tenter des trucs nouveaux quand je me lance dans un projet, et pour celui-ci, l’idée est de fabriquer une comédie qui mélange les genres du film policier, du fantastique, de la romance d’été autour de cette légende.
Pourquoi avez-vous candidaté à la résidence d’écriture ?
J’ai reçu un mail de sauve qui peut le court métrage pour un appel à candidature et j’ai pensé à ce scénario sur lequel j’étais un peu bloqué. J’ai candidaté sans trop savoir à quoi m’attendre, mais en me disant que ce serait l’occasion de fixer un moment consacré entièrement au développement de ce projet là, alors que j’ai plutôt tendance à me disperser sur plusieurs choses quand je suis chez moi.
Est-ce la première fois que vous travaillez en résidence ? Comment aborder vous ce mode de travail particulier ?
Oui c’est la première fois. Ce que je trouve génial, c’est de passer mes journées avec Baer et Alex. On rigole vachement et c’est hyper bien de confronter nos différents points de vue sur les manières d’écrire, d’échanger nos idées, de se montrer des trucs, etc…
On a des univers très différents tous les trois, mais très marqués et personnels je crois… donc forcément c’est enrichissant.
En arrivant en début de résidence, à quelle étape de construction du récit étiez-vous ? Une idée, un synopsis… ?
Vous êtes-vous fixé un/des objectif/s d’écriture pour les semaines de résidences ?
Je suis arrivé à la résidence avec une version de scénario qui me plaisait déjà bien, avec plein de trucs marrants, mais qui était assez bordélique, avec des incohérences et des zones d’ombre.
L’idée est donc de renforcer les enjeux entre les personnages et de régler ces incohérences de narration. C’est un scénario à tiroir, un peu rubiks-cube.
A l’inverse avez-vous au fil des jours de nouveaux besoins prégnants en termes de ressources (documentation, rencontre, repérages,…) pour déclencher des choses en matière de création ?
En participant à la résidence de Moulins, en plus de l’écriture, je visite la région dans l’idée de tourner dans le coin, car le lac bleu qui m’avait inspiré n’existe plus vraiment. Il y aussi des carrières d’argile et de kaolin ici et tout un tas d’autres lacs volcaniques avec plein de légendes, comme le Lac Pavin par exemple.
Comment êtes-vous accompagné par les professionnels dans l’écriture de votre projet pendant la résidence ?
Nous sommes accompagnés sur nos scénarios par Pascale Faure et Marie Belhomme. Elles lisent nos scénarios et nous font des retours et suggestions au cours de l’écriture. Elles essaient de vraiment bien comprendre ce qu’on veut raconter, notre univers et d’adopter notre point de vue quand elles nous font des suggestions, donc c’est chouette.
Elles nous donnent aussi d’autres références, des films auxquels on n’avait pas pensé, pour faire des ponts, nous ouvrir sur d’autres trucs.
On est aussi souvent au Studio Palaces pas loin de chez nous. C’est un immense studio de post-production son et musique de film tenu par Théophile Collier. Théo nous aide à réfléchir sur la future musique de nos films. C’est rare de pouvoir s’y intéresser aussi tôt dans la fabrication d’un film, et je me rends compte que ça aide beaucoup à réfléchir à mes intentions, à ma vision globale du film. On se refait l’histoire du point de vue de la musique.
Quelles rencontres avez-vous pu faire pendant cette résidence pour nourrir votre projet ?
On est hyper bien accueilli à Moulins et en deux semaines on a déjà l’impression de faire un peu partie de la commune. On loge dans le musée de l’illustration jeunesse et Yasmine, qui dirige le musée, nous balade dans la région à bord de sa Kangoo pour nous montrer plein de choses en rapport avec nos projets.
De mon coté, j’ai rencontré un vulcanologue au bord d’un lac pour qu’il me parle de son métier. Il y a deux personnages de Géologues dans mon film et c’est super de pouvoir s’inspirer de vraies personnes.