Breakfast avec Noah
Entretien avec Walter Woodman, co-réalisateur de Noah avec Patrick Cederberg
Filmer un écran durant 17 minutes était risqué, mais le résultat est impressionnant. Quelle a été votre motivation pour vous lancer dans cette aventure ?
Nous avions simplement l’impression que c’était quelque chose qui n’existait pas encore. Nous pensions que Noah allait avoir une durée de 10 minutes mais il s’est avéré que cela a été beaucoup plus. Notre découpage original faisait même 22 minutes mais on le trouvait trop long par moments. Alors on a recoupé, ça a été très difficile.
Comment tourne-t-on un film qui se déroule exclusivement sur un écran ?
D’abord on a créé tous les faux profils des médias sociaux. Ensuite on a casté nos comédiens et pris les photos… en extérieur, les intérieurs et les photos de soirées. Après on a filmé les scènes live. Enfin on a réuni tout cela ensemble.
Pour les captures d’écran, Patrick et moi sommes restés assis devant 5 ordinateurs différents et avons joué toutes les séquences en direct.
Comment avez-vous réussi à recréer les séquences enchaînées de Chatroulette sans transitions ?
La plupart des personnages vus dans la séquence Chatroulette sont des amis. Nous sommes allés chez eux et avons tourné de courtes vignettes, qu’on a compilé pour créer la séquence. Après, Sam Kantor, qui joue Noah, a visionné la séquence et a juste réagi spontanément. Il ne savait pas du tout ce qui allait suivre et ça donne ce sentiment d’être très spontané.
Avez-vous songé à créer la séquence Chatroulette avec de vrais usagers, en la laissant tourner au hasard ?
Certains sont de vrais usagers en fait. Et d’autres sont des comédiens. On vous laisse décider lesquels sont qui.
Je crois que vous avez réalisé un autre court métrage avant Noah, où il y avait déjà une séquence Chatroulette ? Dans ce film, était-ce des usagers ou tourné avec des comédiens ?
Nous avions écrit un script qui était entièrement sur Chatroulette. En fait, la deuxième moitié de Noah est composé de la première moitié de ce script. Après, Noah était supposé rencontrer la fille dans le réel (IRL). Et nous voulions tourner cela comme un film traditionnel. Mais je suis content qu’on ait fait autrement.
Et pourquoi n’avoir pas travaillé sur un autre réseau social, comme Twitter par exemple ?
Je pense que si on avait fait un film une autre année, ça aurait pu être avec Twitter ou Google+ ou quoi que soit l’espace populaire du moment. Je pense que nous ne nous sommes vraiment pas attachés aux applications elles-mêmes mais plutôt à comment les personnes les utilisent.
Combien vous a côuté ce projet ? Plutôt cher ou pas du tout ?
Ça nous a coûté 300$ .
Quelle est votre vision d’internet ? Pensez-vous que Facebook va disparaître, comme beaucoup de journalistes le suggèrent ?
Je pense qu’internet est la plus belle idée qui soit. Une conscience globale. Une bibliothèque qu’on ne peut pas brûler. Je n’ai pas de compte facebook actuellement et utilise peu les médias sociaux. Je trouve que les contacts y sont très intéressés. Très vains.
En même temps, Facebook et Twitter aident les révolutions un peu partout dans le monde alors… je ne crois pas que les réseaux sociaux vont disparaître de sitôt. Peut-être que Facebook aura disparu mais il y aura un nouveau site pour le remplacer. Peut-être quelque chose de payant. C’est vraiment impossible à prédire. Dans l’intérêt commun, je pense qu’il faudrait protéger davantage internet car c’est la technologie la plus précieuse que nous ayons.
Avez-vous d’autres projets à venir ? Voulez-vous continuer à tourner des films sur le web ou changer de registre ?
Nous avons deux films en cours. Le premier dépasse largement la somme de technologies utilisées dans Noah, c’est EXTRAVAGANT de technologie.
Le second c’est tout l’inverse et il parle d’arbres.
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Propos recueillis par Ismaël Joffroy Chandoutis
Pour voir Noah, rendez-vous aux séances de la Compétition Labo L5