Clermont-Ferrand et le court métrage d’animation français
Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand, qui fêtera ses 35 ans en 2013, aime le cinéma d’animation. Dès ses débuts pas moins de six rétrospectives importantes ont été consacrées à ce type de films sans oublier leur présence affirmée au sein des différentes compétitions française et Labo. Et c’est cela qui fait le charme clermontois, la confrontation de l’image par image avec la technique dite de prises de vues réelles qu’il serait plus approprié d’appeler prises de vues en continu.
Dès 1982, année de la première compétition française, les films d’animation sont mentionnés ou primés. A partir de 2000, un prix spécifique « meilleur film d’animation » est mis en place. C’est dire l’intérêt permanent que porte Clermont sur ce type de création cinématographique.
En 1999, j’écrivais : « Le film d’animation français d’auteur est un élément fragile de la création cinématographique. Selon les années, ce type de production émerge ou disparaît. Globalement, ces dix dernières années ont bénéficié d’un bon cru. La production est peu importante mais elle a vu naître des oeuvres de bonne qualité et des auteurs originaux. Malheureusement peu d’entre eux ont la possibilité de faire durer dans le temps leur travail. Florence Miailhe est une des très rares cinéastes à poursuivre son travail personnel.
Florence Miailhe
Les nouveaux venus (Lorenzo Recio, Jean-Luc Gréco, Stéphane Blanquet, Philippe Jullien) qui apparaissent, démontrent, dès leur premier film, une maîtrise et un savoir-faire hors du commun. Les techniques mises en jeu sont traditionnelles : dessin animé, marionnettes, peinture sur verre. Leurs mises en valeur proviennent de la sensibilité et de la personnalité affirmée des auteurs. Il faut espérer les voir poursuivre leurs œuvres de création. »
Plus de dix ans après, ce constat a très sensiblement évolué. En premier lieu, la création et le développement d’écoles de qualité a permis la production d’œuvres importantes où la technique de la 3D par ordinateur est omniprésente. La question qui reste posée est : les étudiants en situation plus ou moins confortable de cinéastes « d’auteurs » à la fin de leurs études continueront-ils dans cette voie créative ? Ne seront-ils pas happés par la série et la publicité ? Une analyse rapide montre que c’est bien le danger, peu d’entre eux ont la volonté et/ou la possibilité de revenir au court métrage de création.
Outre le phénomène important des écoles, un tissu de sociétés de production se sont spécialisées, vaille que vaille, dans le court métrage d’animation (Les Films du Nord, Sacrebleu Productions, les Films de l’Arlequin, Autour de Minuit…). Réunies au sein d’un collectif, elles essaient de défendre au mieux leurs intérêts afin de produire dans de meilleures conditions des œuvres ambitieuses. Leurs productions marquent déjà l’histoire du cinéma d’animation français (Logorama, Oscar du court métrage d’animation en 2010, par exemple).
Logorama
Ces deux éléments (écoles et sociétés de production) ont marqué à la fois un renouveau, dans le sens d’un nouvel élan, et, en même temps, une stabilité quantitative et qualitative qui semblait très aléatoire une quinzaine d’années auparavant. On ne peut donc que s’en réjouir. Les deux programmes Clermont-Ferrand programmés au Festival Banja Lukaen Bosnie-Herzégovine permettent de constater le dynamisme de la jeune création française.
Panorama du cinéma d’animation français 1
Panorama du cinéma d’animation français 2
Antoine Lopez – Septembre 2012