Lunch avec Electric Swan (Cygne électrique)
Entretien avec Konstantina Kotzamani, réalisatrice de Electric Swan (Cygne électrique)
Pouvez-vous nous parler de la genèse du film ? Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Eh bien, le point de départ de Electric Swan est assez magique ! Je suis arrivée à Buenos Aires en 2016. Lors de mes premiers jours dans la ville, j’ai fait une longue promenade dans le parc où se trouve le lac des cygnes qu’on voit dans le film. Tandis que j’étais assise sur un banc, une famille de touristes chinois regardait un cygne qui nageait paisiblement sur l’eau. Il faisait très chaud et le cygne était calme. Le père s’est tourné vers moi et m’a demandé si c’était un cygne électrique ou pas. J’ai dû avoir l’air très étonnée de sa question, et il m’a expliqué que dans le parc de sa ville, il y a des animaux miniatures qui marchent à piles. Je suis finalement restée deux ans et demi à Buenos Aires, tant j’étais fascinée par cette ville. Et l’expression de ce touriste chinois, « cygne électrique », a longtemps tourné dans ma tête. Les émotions, les marqueurs culturels peuvent diffracter la réalité en cristaux et modifier le cours des choses d’un seul coup. Comment est-ce que je perçois ce qui est nouveau ? Comment est-ce que je peux mieux comprendre une culture dans laquelle je n’ai pas grandi ? Voilà comment est né Electric Swan : en tentant de saisir et d’imaginer le micro-portrait d’une ville que j’aime profondément.
Comment avez-vous créé cette ambiance étrange et onirique ?
Il n’y a pas de technique précise derrière. Je pense que tous mes films ont un côté onirique, car on y trouve des grands thèmes comme l’amour, la solitude, le mystère et le surréalisme. Et bien sûr, des malentendus qui pimentent le récit et le font avancer. Les rêves sont pleins de malentendus envoûtants, d’interprétations erronées qu’il nous faut décoder – des châteaux d’incompréhension construits sur le sable. Ce sont ces châteaux que je tente de faire apparaître dans mes films. En laissant dans le sable les empreintes qui relient les personnages et les idées avec ce parcours magique et inconscient qui fait du film une sorte d’énigme à résoudre.
Comment est née cette collaboration entre des partenaires français, grecs et argentins ? Comment s’est-elle passée ?
Pour ce qui est des partenaires argentins, ce sont tous des amis ou des collaborateurs que j’ai rencontrés à Buenos Aires quand j’y habitais. Vicky Marotta, ma coproductrice argentine, était ma colocataire pendant ces deux années, et c’est elle qui m’a introduite dans les réseaux du cinéma sur place. Côté français, j’ai rencontré Ecce Films il y a quelques années en participant à l’atelier Next Step de la Semaine de la Critique, et on s’est bien trouvés ! Quand je leur ai pitché mon idée de film à Buenos Aires, ils se sont montrés enthousiastes et m’ont beaucoup encouragée. La chimie a bien fonctionné entre ces trois pays, c’était assez magique ! Après tout, nous étions sous les auspices du Lac des Cygnes…
Quelles sont vos influences, qu’est-ce qui vous inspire ?
Le Lac des Cygnes, Léda et le Cygne, David Lynch, Tsai Ming Ling, et les glaciers qui résistent au temps et aux hommes en Patagonie.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Mes derniers films sont plutôt des moyens métrages que des courts. Electric Swan fait même 40 minutes. J’adore cette durée, elle donne de la place, de la profondeur pour explorer un thème à fond sans se sentir asphyxié. Dommage que les festivals ne fassent pas plus de place à ce format-là.
Pour voir Electric Swan (Cygne électrique), rendez-vous aux séances du programme F7 de la compétition nationale.