Dernier verre avec Mi Última Aventura (Ma dernière aventure)
Entretien avec Ezequiel Salinas et Ramiro Sonzini, coréalisateurs de Mi Última Aventura
Quel a été le point de départ du film ?
Le point de départ ça a été, d’une part, un travail préalable d’Ezequiel Salinas, Adieu à la nuit, où un mystérieux personnage traversait la nuit sur sa mobylette. Il y avait dans ce court-métrage une façon très particulière de filmer la nuit dans la ville de Córdoba (Argentine) : Les lumières de couleurs, la pluie, le mouvement de la mobylette produisaient une petite transe, une sensation émouvante chargée de nostalgie que l’on trouvait très séduisante. L’autre point de départ ça a été les histoires entendues lors de diverses réunions de familles ou avec des amis, avec des habitants de la ville, qui rendent secrètement compte d’une identité très particulière, contradictoire et pleine de charme.
Mi Última Aventura parle d’amitié, de trahison, et décrit également la fin d’une époque. Ce sont des thématiques pour lesquelles vous avez un intérêt particulier ?
L’amitié est un genre de lien qui peut prendre plein de formes différentes. Nous on avait envie de développer un lien très intense, quelque chose de l’ordre des liens familiaux et aussi quelque chose de l’ordre des relations amoureuses. Souvent les amis c’est la famille que l’on se fabrique comme on peut petit à petit tout au long de la vie, une famille qui se constitue en fonction du chemin que l’on parcourt. Et ces liens incluent aussi la possibilité d’un délaissement, d’une mésentente ou d’une trahison. Quelles sont les circonstances dans lesquelles une trahison peut avoir lieu et comment y faire face, comment cela impacte le lien et s’il s’avère possible de le conserver après un tel fait, c’est quelque chose que l’on trouvait fascinant à mettre en scène.
Dans ce film, le travail sur la bande-son semble avoir été particulièrement important. Quel(s) effet(s) espérez-vous qu’elle produise sur les spectateurs ?
Oui, ce serait merveilleux. Pas seulement parce qu’à travers le récit en off et la musique on a essayé de générer un climat spécifique, une émotion qui traverse les personnages (la sensation de faire ses adieux à un lieu pour lequel on ressent de l’amour et du dépit en même temps), mais aussi parce que les paroles de chaque chanson essaient de produire une résonance, un écho dans l’histoire que vivent les personnages.
Quels ont été les avantages de la coréalisation ? Et ses défis ?
Nous croyons que le grand avantage c’est que pour toutes les décisions il y a toujours au moins deux points de vue. Peut-être que le processus de travail est un peu plus lent, mais nous avons toujours la possibilité de discuter et repenser les décisions que nous prenons. Je crois que le principal défi c’est toujours de trouver des scènes intéressantes à filmer avec le peu de moyens que nous avons à disposition.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Bien qu’il y ait beaucoup de court métrage qui nous intéressent, pour créer Mi Última Aventura on a plutôt pensé à des longs métrages : Millenium Mambo et Goodbye South Goodbye de Hou Hsiao-Hsien, Collateral de Michael Mann et I vitelloni de Federico Fellini.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Nous croyons qu’il est impossible de définir ce qu’est un bon film mais nous croyons aussi que le cinéma trouve sa raison d’être dans le fait de nous aider à comprendre la vie des humains. Sans les personnes le cinéma n’a pas de sens.