Breakfast avec Pain in Silence ( Souffrir en silence)
Entretien avec Yujian Li, réalisateur de Pain in Silence (Souffrir en silence)
Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer le choix du titre ?
J’avais plusieurs idées de titre, comme « Chat », « Châtiment », ou « He Wei »… Mais « Souffrir en silence » exprime le thème et l’esthétique du film de façon plus explicite.
Pouvez-vous nous parler du ton du film ? On y retrouve des éléments du film d’horreur, du film policier (les ombres, la musique, les silences, etc.).
Le film s’inspire de personnages et de situations qui ont existé. Il vise le réalisme, la texture de l’image, le jeu sur la chaleur de la lumière et le piqué de l’image, le tout au service du traitement subjectif de l’histoire. Il évoque les blessures mal refermées d’un jeune garçon, sans prétendre les guérir mais en se contentant de les exposer. Je voulais également inclure une scène nocturne un peu terrifiante pour exprimer cette profonde solitude qu’éprouve le garçon.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Andreï Tarkovski, Theodoros Angelopoulos, Abbas Kiarostami, Yasujiro Otsu, Jia Zhangke, les frères Coen et Tsai Mingliang. Leurs films me fascinent.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter l’histoire de He Wei ?
Nous sommes abreuvés d’outils de communication et exposés en permanence à toutes sortes de souffrances. Les vidéos ou les reportages ne sont pas là pour réparer les blessures, ils font fi de la véritable souffrance. Voilà à quoi nous sommes confrontés chaque jour : les gens peuvent parler de la souffrance des autres, mais ils le font sans conscience morale. Jacques Derrida a dit un jour qu’il n’y avait jamais eu de pardon après la Seconde Guerre mondiale, et que la souffrance restait présente dans la mémoire des victimes. Tout ce qu’on peut faire, c’est vivre avec cette souffrance. C’est la même chose dans notre vie quotidienne. He Wei est un enfant, mais il doit survivre dans la réalité qui l’entoure, et il doit grandir sans parents pour le protéger. Au sujet du destin, Lacan affirme qu’il se manifeste toujours à travers ces petites rencontres fortuites qui nous poussent à nous demander qui nous sommes…
Quels ont été vos coups de cœur cinématographiques l’année passée ?
Il y en a eu plein… Je suis dans ma troisième année de thèse à l’école des arts de l’université de Pékin, et j’écris énormément de critiques de films.
Si vous êtes déjà venu à Clermont-Ferrand, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur le festival ? Sinon, quelles sont vos attentes pour cette édition ?
Non, c’est la première fois.
D’autres projections de prévues ?
Je ne sais pas encore, mais j’en saurai sans doute plus pendant la période du festival.
Pour voir Pain in Silence, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I8.