Dernier verre avec That Workman’s Arm (Homme de main)
Entretien avec Simon London, réalisateur de That Workman’s Arm (Homme de main)
Qu’est-ce qui vous a incité à raconter l’histoire de ces deux personnages ? Que vouliez-vous explorer à travers leur relation ?
Ce qui m’intéressait, c’était de parler de la compréhension. Je voulais créer une rencontre entre deux personnages qui vont partager quelque chose de spécial et ressentir de l’empathie l’un pour l’autre, même si c’est une situation qu’ils n’ont pas créée qui les fait tomber l’un sur l’autre. Explorer la manière dont chacun peut créer un lien en dépit des circonstances et de sa propre vulnérabilité. Je suis aussi intéressé par la force des éléments naturels et l’influence de notre environnement sur la façon dont nous communiquons. Le monde est de plus en plus fracturé et déshumanisé, à l’image des systèmes financiers, qui semblent créer bien plus de divisions que de réelles connexions.
Comment avez-vous choisi les acteurs ?
Il était important pour moi que les acteurs appréhendent leur rôle avec simplicité et sincérité, pour qu’ils l’incarnent en profondeur. Je connais Matthew depuis longtemps. Il jouait dans la tournée internationale du spectacle délirant dont j’étais le co-auteur, entre 2013 et 2015. Nous avons ensuite écrit et réalisé le court The Calf, ce qui nous a permis de développer une compréhension profonde de l’approche et de la sensibilité de chacun d’entre nous. Lorsque j’ai écrit le texte je pensais déjà à lui, j’étais ravi qu’il accepte de le faire ! Donogh avait capté mon attention depuis longtemps mais nous n’avions jamais travaillé ensemble. Je l’ai contactée et elle a vraiment donné tout son sens au personnage. Elle incarne l’énergie fondamentale du personnage d’une manière très personnelle et spontanée. Eroll et moi nous étions en train de tourner une série télévisée quand j’ai réalisé que c’était la personne idéale pour rejoindre le trio. Ce sont tous trois de grands artistes à mon avis. J’ai beaucoup de chance d’avoir travaillé avec eux.
Quels sont les thèmes qui vous inspirent en tant que réalisateur ?
Je suis fasciné par l’humanité dans ce qu’elle a d’intemporel, par la manière dont, non seulement la société, mais aussi parfois notre propre psyché, nous détache de nous-mêmes. Mais c’est avant tout notre humanité qui attire mon attention, nos aspirations profondes, fondamentales. Ce sont souvent les liens dans ce qu’ils ont de plus basique, de plus bienveillant, qui m’émeuvent le plus en profondeur. A l’opposé, on peut arriver à des comportements extrêmes pour satisfaire ces mêmes aspirations : ça aussi, ça fait réfléchir.
Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
That Workman’s Arm est mon premier film, je l’ai fait seul pour constituer mon dossier d’inscription à la NFTS en Angleterre. J’y ferai ma maîtrise pendant deux ans, c’est donc là-dessus que je vais me concentrer jusqu’au début 2023. Après celui-ci, je devrai en produire deux autres afin d’obtenir mon diplôme. Je suis également en train de négocier les droits pour un roman historique néo-zélandais dont j’aimerais faire le sujet d’un long métrage dans les prochaines années.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Le film de Taika Waititi Two Cars, One Night (2009) m’a véritablement initié à à la notion même de court-métrage. Je n’y avais pas prêté attention auparavant, et j’ai été bouleversé. La profondeur des sentiments, l’humour, la créativité et l’humanité du film m’ont emballé et ont ouvert mon imaginaire. J’adore ce film.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Quelque chose dans quoi je peux me perdre, qui me fasse réfléchir et produise le déclic d’une révélation sur moi-même. Un bon film a de la profondeur, de la complexité… et comme je suis quelqu’un de très visuel, une bonne lumière aussi, c’est capital !
Pour voir That Workman’s Arm (Homme de main), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I2.