Goûter avec The Dockworker’s Dream (Le rêve du docker)
Entretien avec Bill Morrison, réalisateur de The Dockworker’s Dream (Le rêve du docker)
Comment avez-vous choisi les extraits ? Combien de vidéos avez-vous regardé en totalité ?
Les origines de The Dockworker’s Dream remontent au Festival de Clermont-Ferrand 2014. J’étais juré pour la compétition Labo avec Kurt Wagner, du groupe Lambchop. Mario Micaelo nous a demandé si nous voulions collaborer sur un projet qui serait diffusé avant un live au festival Curtas Vila do Conde 2015. Comme le film devait alors être produit au Portugal, nous avons décidé de demander à la Cinémathèque Portugaise de nous fournir des clips de leur collection de manière aléatoire, afin de constituer le paramètre de départ du projet. Cet été-là, je suis parti à Lisbonne, où Mario et moi avons visité la Cinémathèque qui est dans la périphérie. Nous avons pu sélectionner les titres qui nous intéressaient sur leur site Internet, en partant des synopsis. Nous avons sélectionné des bobines et des vidéos. Je ne sais pas exactement combien de films différents nous avons visionné en tout. Peut-être 30 ? J’ai commencé à reprendre des thèmes qui me semblaient convaincants et peu à peu, le déroulé d’une histoire s’est profilé et j’ai commencé aussi à sélectionner des scènes qui concordaient avec ce que j’avais choisi.
Pourquoi vouliez-vous travailler en noir et blanc et comment avez-vous fait avec les marques de bobines ?
Les vieux films sont souvent en noir et blanc, et ont souvent des marques. Je n’ai absolument rien fait pour altérer ces conditions pré-existantes. Et si vous voulez me demander pourquoi j’ai choisi de travailler avec de vieux films, c’est parce que je trouve fascinant cette capacité qu’a le cinéma à « conserver le temps ».
Pourquoi étiez-vous intéressé par les navires et les commerces ? Les avez-vous davantage envisagés comme une image de la routine quotidienne de travailleurs ou comme un hommage à l’héritage des échanges commerciaux ?
Les deux. Le Portugal a bien sûr une grande histoire nautique, avec les activités de commerce et de colonialisme qui l’accompagnent. Les travailleurs sont montrés comme ceux qui résument les biens importés : les marins, dockers, tisserands et ouvriers de filatures qui transportent et traitent le matériau brut. J’y ai vu une ressemblance avec mon propre travail de réalisateur, de “doc”-travailleur.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la course d’animaux ?
Vous pouvez voir la chasse comme une tentative de capturer l’éphémère, le sauvage et rare. J’ai pensé que c’était une bonne métaphore pour à la fois le contenu et la confection du film.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Les films de l’année 2016 ? J’ai aimé I Called Him Morgan, Cameraperson, Comancheria, Premier contact, Elle, L’Ornithologue, O Futebol, La mort de Louis XIV, Kuun metsän Kaisa… Et probablement quelques autres que j’oublie.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Malheureusement je ne pourrai pas être là cette année comme j’ai un long métrage documentaire que je dois sortir – Dawson City: Frozen Time – et qui sera présenté dans un autre festival au même moment. Mais je suis déjà venu deux fois. Comme je le disais, en 2014, Kurt Wagner, Sergio Oksman et moi étions au jury Labo. Comme il n’y avait pas tant de films à voir, nous avions beaucoup de temps libre et nous nous sommes du coup fait beaucoup d’amis aux bars et restaurants clermontois. Je me rappelle de Kurt lisant le menu et demandant ce qu’était une côtelette d’agneau” (en français dans le texte, ndlr). De bons souvenirs.
Le film a-t-il bénéficié d’autres diffusions publiques ?
Le film tourne en festivals, mais Merge Records et City Slang Records l’ont aussi utilisé comme clip pour promouvoir le nouvel opus de Lambchop, FLOTUS (voir programme Décibels 2). La piste de 18 minutes “The hustle” est la bande son complète du film. NPR (National Public Radio) aux États-Unis l’a publiée sur leur site quand le disque est sorti l’automne dernier.
D’autres participations prévues durant le festival (Expresso, conférences, etc.) ?
Je regrette toujours de ne pouvoir être au festival cette année, mais si je venais, j’y aurais consommé bien plus qu’un Expresso.
Pour voir The Dockworker’s Dream, rendez-vous aux séances de la compétition labo L4.