Breakfast avec Wild Will (Homme sauvage)
Entretien avec Alan King, réalisateur de Wild Will (Homme sauvage)
Comment avez-vous composé la bande-son ?
J’avais commencé par enregistrer la bande-son avec un micro statique professionnel, mais aussi étrange que cela puisse paraître, la qualité était trop bonne pour ce que je recherchais ! Je voulais des ambiances de talkie-walkie et de salle d’interrogatoire, il me fallait un son un peu discordant. J’ai donc enregistré le son sur mon téléphone portable et ça a donné pile ce que je cherchais. Puis, en post-production, j’ai travaillé sur les pistes audio en utilisant les filtres de Final Cut X.
Pourquoi souhaitiez-vous ajouter un effet radio ?
Je me suis dit que ce pourrait être une façon intéressante de donner au spectateur l’impression de faire partie de l’histoire. Je trouvais qu’il y aurait quelque chose d’intime, de puissant et de presque voyeur à se glisser dans la peau d’une tierce personne qui surprend cette conversation radio entre les personnages du film.
Pourquoi avoir filmé en noir et blanc et ajouté un effet vieux film sur l’image ?
Je suis un inconditionnel des grands classiques en noir et blanc, comme Rashômon, Sa Majesté des mouches, Le Septième Sceau ou Psychose, et je me suis inspiré de ce genre cinématographique pour Wild Will, en veillant aussi à y appliquer une touche personnelle. J’adore les rayures sur les vieux films, j’adore les faux raccords. Ces traces sont l’empreinte digitale de chaque film. J’ai donc décidé de donner à Wild Will son empreinte unique.
Pourquoi avoir choisi d’utiliser si peu d’images pour accompagner le son ?
Pour tester différentes façons de faire monter la tension. Un changement de plan permet souvent de relâcher la pression : au montage, je me suis donc retenu de changer de plan. J’ai dû me forcer. C’est un peu comme quand on regarde quelqu’un dans les yeux en public : en général, on ne soutient pas le regard très longtemps, mais que se passe-t-il si on le fait ? Le rythme cardiaque s’accélère, la température du corps monte. On se sent mal. Voilà ce que j’ai ressenti en faisant le montage. J’espère que cette tension rejaillira sur le spectateur.
Les films d’horreur vous intéressent ?
C’est mon premier film d’horreur en tant que réalisateur. J’essaie d’en regarder, mais je suis trouillard et je ferme les yeux quand ça fait peur, pour finalement louper la moitié du film. Ils font moins peur quand on les fait soi-même. J’espère en réaliser d’autres.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Sans aucun doute. Nous vivons une époque où n’importe qui peut réaliser un court métrage avec très peu d’argent. Tout ce qu’il faut, c’est de l’imagination. Je suis persuadé que la meilleure façon de s’améliorer, dans quelque domaine que ce soit, c’est la pratique, la pratique, et encore la pratique. C’est ainsi qu’on acquiert une compétence. Le format court m’a donné la liberté de jouer, d’explorer, de prendre des risques et, parfois, de me casser le nez. J’ai réalisé cinq courts métrages ces cinq dernières années, et dans ce laps de temps, j’ai énormément appris. Sur bien des aspects, je pense que le format court permet tout cela aux cinéastes. Et c’est génial !
Pour voir Wild Will (Homme sauvage), rendez-vous aux séances du programme L5 de la compétition labo.