Lunch avec David
Entretien avec Zachary Woods, réalisateur de David
Le personnage de David est-il est inspiré de quelqu’un que vous connaissez ?
Du tout. Mon coscénariste Brandon Gardner et moi-même avons évoqué de nombreuses personnes qui nous sont chères, durant la phase d’écriture, mais nous ne nous sommes inspirés de personne en particulier.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de situer l’histoire chez un thérapeute ?
Mon père est psychothérapeute et il lui arrivait de recevoir des appels de patients en détresse quand nous étions en vacances en famille. Il fallait qu’il s’éloigne pour leur parler, dans la forêt ou à l’autre bout de la plage, un truc comme ça. Je me suis toujours dit que ça ne devait pas être facile pour lui. De recevoir un appel en pleine partie de monopoly ou entre deux chamallows avec ses enfants, et de se retrouver pris dans la tourmente de quelqu’un en l’espace de quelques minutes. Brandon et moi avons discuté de ça. D’autre part, les cabinets de psys sont un peu comme des théâtres, mais bizarres. On s’y pour des séances qui nous transforment ou pour faire des liens profonds, pour découvrir de nouvelles histoires qui, si elles sont suffisamment parlantes, peuvent nous libérer de nous-mêmes. J’adore le cabinet de mon psy. C’est un lieu à la fois très rassurant et un peu bizarre.
Pouvez-vous nous parler de la phase de casting ?
Le casting, c’est comme des coups de cœur amoureux. On fait une fixette sur quelqu’un, puis on rassemble le courage de l’inviter à sortir, puis parfois il ou elle dit oui, on a le cœur qui palpite et on ressent une nervosité positive. J’avais déjà vu tous ces acteurs et je m’étais immédiatement entiché d’eux. Par ailleurs, je venais de tourner dans un film avec Will Ferrell et mon admiration et mon attachement pour cet homme sont sans limite. Mes trois acteurs m’ont fait un tel cadeau en acceptant de tourner dans ce film, puis en y mettant tant de cœur.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous essayer à la réalisation ? Qu’en avez-vous pensé ?
Je ne veux pas jouer dans des projets qui ne me plaisent pas et je suis un sale petit snob qui trouve toujours des choses à redire, donc il n’y a pas grand-chose qui me plaît. Et quand par miracle je trouve un projet qui me plaît, rien ne me garantit qu’on veuille de moi. Il a donc fallu que je trouve quelque chose d’autre à faire que chipoteur au chômage. Et puis il y a quelqu’un qui a dit (je ne sais plus qui) que la réussite c’est pouvoir choisir les conditions de son échec. Je pense que c’est un désir de ne devoir l’échec qu’à moi-même qui m’a en partie attiré vers la réalisation. J’ai trouvé ça assez euphorisant, de réaliser. Tout me touchait : les acteurs, l’équipe, leur volonté à tous d’accepter de se rendre vulnérable dans l’enthousiasme. Tout le monde semblait à l’écoute de l’engouement des autres. J’ai l’impression d’avoir été l’organisateur d’une fête où les gens les plus magnifiques et surprenants étaient rassemblés. Et au final, j’ai obtenu un film que j’adore.
Avez-vous des projets dans les tuyaux dont vous pourriez nous parler ?
J’ai réalisé un autre court-métrage que j’ai écrit avec Brandon. Il s’appelle Bud. Celui-là aussi, je l’adore.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
À mon avis, ils vont soit se raccourcir, soit s’allonger, soit garder le même format. Je garantis une de ces trois options.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Houlà, ça, c’est une chouette question. J’ai vu La Chambre du fils, il n’y pas longtemps, et ça m’a fait pleurer comme une madeleine. Je regarde des vidéos sur YouTube qui s’appellent StreetBeefs, dans lesquelles des gens se battent dans le jardin d’un mec. Ils appellent ça « le jardin de Satan ». Mes combattants préférés, c’est « Baby Hulk », un petit mec qui a un cœur et un talent incroyables, et un boxeur qui s’appelle « Bad News » qui a l’air très détendu, même s’il est en plein combat. Je recommande aussi le roman de C. S. Lewis, Le Grand Divorce entre le ciel et la terre, qui raconte l’histoire de plusieurs âmes qui prennent un bus pour aller de l’Enfer au Paradis et qui doivent décider si elles veulent y rester ou non. Enfin, je recommande la nouvelle Sonny’s Blues de James Baldwin, qui est de loin le meilleur texte que j’aie jamais lu.
Pour voir David, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.