Dîner avec The Trees (Les arbres)
Entretien avec Ramzi Bashour, réalisateur de The Trees (Les arbres)
Suivez-vous de près l’évolution des sécheresses au Liban, qui sont particulièrement dures ? Est-ce que c’est de là que vient votre intérêt pour le sujet ?
Une grande partie des éléments de science environnementale soulevés dans le film viennent de conversations que j’ai eues avec mon père, qui est chimiste du sol et professeur d’agriculture au Liban. Les sécheresses en elles-mêmes n’ont pas été décisives. Je m’intéressais plutôt à l’agriculture durable et au réchauffement climatique en général. On ne subit pas que des années de sécheresse, il y a aussi des inondations parfois – mais cela est dû à la mauvaise qualité de nos infrastructures et au fait que, malheureusement, au lieu de nous employer à recueillir toute cette eau douce, nous la laissons filer vers la mer.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les rites religieux évoqués dans le film ?
Chaque famille, chaque confession, chaque ville, fait les choses à sa manière. En outre, ces pratiques bien précises évoluent avec le temps. Pendant le tournage du film, les gens du coin me disaient : « on ne fait plus comme ça, aujourd’hui », faisant référence aux rassemblements dans les maisons pour présenter ses hommages au défunt. Aujourd’hui, cela se passe de plus en plus dans les espaces d’accueil des églises. Mais dans ce film, je partais de mon expérience personnelle, de souvenirs de veillées funéraires grecques orthodoxes auxquelles j’ai assisté jeune adulte. Se présenter des condoléances, siroter du café, porter une cravate noire. Ces coutumes-là ne sont pas nécessairement gravées dans le marbre, ni valables partout, mais en même temps, elles ont toutes quelque chose de familier.
Qu’en est-il du lieu de tournage ? Est-ce que c’est un village que vous connaissez bien ?
Nous avons étalé le tournage sur trois villages différents, proches les uns des autres. L’église, les maisons et le cimetière se trouvent tous dans des communes différentes, toutes trois à environ 80 minutes de Beyrouth. J’ai choisi ces lieux pour tout un tas de raisons, mais au fond, c’est surtout parce que les vallées, les oliveraies et les maisons de pierre ressemblent à ma ville d’origine en Syrie.
Il y a beaucoup de productions libanaises qui circulent dans les festivals en ce moment, ainsi que sur les plateformes comme Netflix. En tant que cinéaste libanais, avez-vous remarqué cette croissance ? Travaillez-vous au Liban ?
Pour être tout à fait exact, je ne suis pas libanais, même si j’ai grandi au Liban, que c’est au Liban que se déroule la majeure partie de ce que je fais, et que c’est le pays où je me sens chez moi. Je n’ai pas Netflix actuellement, donc je n’ai pas vu grand-chose de ce qui est sorti. Mais j’ai bien vu que les films libanais sont représentés dans les festivals internationaux, année après année. En tout cas, les quelques financements qui sont parvenus au Liban, de sources comme Netflix, pour soutenir des productions récentes sont loin de répondre à tous nos besoins, si l’on veut une réelle impulsion.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je pense qu’on continuera de réaliser des courts-métrages en écoles de cinéma ou en début de carrière. Je rêve d’un monde où le court-métrage serait un format rentable et plus viable économiquement, où il ferait partie des programmes télé, où on le diffuserait en salles en dehors des festivals, mais ça m’étonnerait que ça arrive un jour.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Ce que, moi, j’ai bien aimé faire, et qui m’a fait du bien pendant le confinement, c’est d’écouter de la musique, écrire des choses, faire du sport, et prendre des bains chauds (quand c’est possible).
Pour voir The Trees (Les arbres), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I12.