Rétrospective : Star-Système
Avant d’aller sur mars, nous vous proposons sur février une belle myriade de films sur l’espace. Après avoir roulé l’an dernier avec la petite reine chère à Armstrong (Lance), nous irons faire un tour sur la Lune chère à Armstrong (Neil), cette banlieue des étoiles dont nous avait ravi Stéphane Drouot(1) en 1985, véritable étoile filante du court métrage français.
Dans Creature Comforts de Nick Park, le puma, dans sa cage, avec un accent sud-américain à couper au sabre-laser, revendiquait sans cesse : « Space, I need space !(2) ». Nous l’avons entendu et nous irons donc voir ailleurs si les planètes sont plus vertes. Pris en sandwich(3) entre avoir les pieds sur terre et dire coucou aux nuages et au-delà, l’homme n’a cessé de rêver à ces voyages inter-sidérants. Il y a réussi grâce à son génie poétique tout d’abord puis à son génie technologique même si, parfois, Houston, on a un problème !
Creature Comforts de Nick Park (Royaume-Uni – 1989)
Mais que va-t-on bien pouvoir filmer dans l’espace ? Des histoires de solitude forcément où l’apesanteur libère l’homme de son poids physique mais pas psychologique. Bien au contraire, l’espace, milieu infini et hostile, l’oblige à un état de veille permanent où la survie reste le but ultime. L’espace est le nouveau Far-West où les peu nombreux protagonistes sont dans la même diligence. Attention de ne pas tomber dans un trou noir… Poor lonesome astronauts !
Ces contes du monde flottant nous révèleront la violence des rapports sociaux, la folie, la barbarie jusqu’à l’anthropophagie mais aussi un peu d’amour et un peu d’humour. Finalement les cinéastes vont dans l’espace pour mieux filmer le monde, le nôtre, la Terre.
Mais tout cela resterait largement incomplet si on ne parlait pas de la quête absolue car derrière tout cela se cache le fantasme le plus incroyable : la découverte d’une vie ailleurs ! Alors que le racisme ou l’ostracisme, aujourd’hui, est une notion malheureusement trop partagée par les Terriens, on ne peut s’empêcher de sourire dans cette recherche éperdue de l’Autre, E.T. par exemple, une espèce d’acronyme débarquée dans une autre espèce d’acronyme, l’O.V.N.I. Certes E.T., cet échantillon d’extra-terrestre bien moche mais bien sympa nous arrache une larme empathique et furtive. Néanmoins, faut pas exagérer, qu’il retourne fissa à sa maison et les vaches seront bien gardées. Oui, l’homme aime se faire peur, mais pas trop. Ces rencontres du 3e type, il en rêve jusqu’à désirer se faire enlever comme une jeune fille par son prince charmant. De manière romantique et le cinéma aime ça. Bien sûr, ça peut tourner vinaigre, mais là on change de catégorie, le gentil E.T. redevient l’étranger, alien en anglais. Et les aliens ça ne fait pas dans la dentelle du Puy !
Bref, sans tambour, ni trompette chère à Armstrong (Louis), on peut vous affirmer, paradoxalement, que cette rétrospective ne manquera pas d’air. Ne levez pas les yeux au ciel, c’est vrai !
Antoine Lopez
- Stéphane Drouot disparu en 2012 n’aura fait qu’un seul film Star Suburb : la banlieue des étoiles, Grand Prix à Clermont-Ferrand en 1984.
2. De l’espace, je veux de l’espace !
3. Sandwich : un petit pain pour l’homme, un jambon pour l’humanité.
Gagarine de Fanny Liatard et Jean Trouilh (France – 2015)