Dernier verre avec Voyage à Santarém
Entretien avec Laure Desmazières, réalisatrice de Voyage à Santarém
Qu’est-ce qui vous a donné l’inspiration pour ce film ?
C’est un mélange entre une histoire personnelle et le tempérament de ma comédienne Julia Perazzini. Julia avait un petit rôle dans mon film précédent, j’adore son flegme, sa répartie, sa présence parfois explosive. Elle a quelque chose qu’on peut aimer et détester. J’ai eu envie de faire un portrait de femme complexe et intime. Un film qui suivrait le fil d’une sensation de ce personnage, sensation qu’on ne comprend pas bien, qu’on ne détermine pas au départ.
Comment avez-vous construit le personnage principal ?
Avec ma co-auteure Rose Philippon on a travaillé par couches : Julia devait être obtuse, mais aussi drôle et attachante, il fallait un équilibre. Je crois que fondamentalement nous ratons tous des moments importants au quotidien : en changeant de sujet, en parlant de nous, en pensant à autre chose. Je voulais suivre ce personnage, ne pas le juger et lui faire parcourir un trajet intime.
À quel point avez-vous travaillé la thématique de la confiance pour ce film ? Avez-vous d’autres projets autour de cette thématique ?
J’ai essayé de travailler cela de la manière la plus musicale possible. Que la confiance entre eux monte, descende, comme dans une partition. Je dois dire que j’ai plusieurs projets qui continuent les questionnements de Voyage à Santarém !
Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’univers du collège et le rapport entre enseignante et élève ?
Je suis fille de prof, je pense même sans trop m’avancer fille de bons profs, qui se posaient beaucoup de questions sur leur travail, sur la réception de leurs cours. J’ai vu la difficulté de leur travail au quotidien aussi. Je trouve que la représentation des profs à l’écran est souvent la même, ils deviennent des figures d’une norme, ça me pose problème. J’avais envie de montrer autre chose que la prof parfaite qui rentre chez elle le soir et nourrit ses enfants en bas âge ; parler d’une jeune prof d’aujourd’hui, et aussi montrer ses défauts. Je trouve que les profs peuvent aussi être très drôles en dehors de leur cadre scolaire, ce sont d’une certaine manière des comédiens, ils font leur show !
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
À bras le corps de Katell Quillévéré produit par le GREC est sans doute ma plus grande claque. Je suis admirative de la direction de ces deux enfants, et de certaines scènes : la beauté du dernier geste entre les frères pendant la photo de classe, et cette scène où les deux enfants font une sorte de concours de respiration sur leur balcon…C’est un film dingue. Je le revois souvent.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Je ne sais pas. C’est très mystérieux. C’est pour ça qu’on fait des films !
Pour voir Voyage à Santarém, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F6.