Goûter avec Wasteland (Terres inexploitables)
Entretien avec Tack Lee, réalisateur de Wasteland (Terres inexploitables)
D’où est venue l’idée de Wasteland ?
Au sortir de l’école de cinéma, j’ai très vite commencé à imaginer mon prochain film. Le tout premier traitait d’une histoire très personnelle, alors j’ai voulu orienter le suivant vers une histoire plus actuelle et plus en lien avec la société d’aujourd’hui. C’est alors que dans ma tête a surgi l’idée suivante qui allait être le point de départ du film : une femme demande à une autre femme de pouvoir enterrer quelqu’un dans son jardin potager. Cette réflexion a généré en moi toute une série d’images étranges, extraordinaires, voire excentriques qui faisait écho aux problèmes immobiliers, fonciers très prégnants dans la société coréenne. J’étais persuadé que l’association de cette idée première avec la problématique du logement allait être la force motrice de mon travail de réalisation autour de ce film Wasteland.
Pourquoi vouliez-vous raconter cette histoire ?
Il s’avère que lorsque j’ai obtenu mon diplôme, j’ai été personnellement confronté au problème du logement. Quand il a fallu déménager à Séoul pour me lancer plus sérieusement dans l’industrie du cinéma, j’ai réalisé combien le prix des maisons était exorbitant. C’est simple, avec l’argent que j’avais sous la main, je ne pouvais même pas trouver une chambre correcte. C’est donc à partir d’une situation personnelle et concrète que l’idée de cette histoire a fait son chemin. Et que si moi, jeune homme d’une vingtaine d’années, avais des difficultés pour accéder au logement, alors bien d’autres Coréens de Séoul ou d’ailleurs en avaient tout autant. Je tenais donc là le début d’une histoire dans laquelle beaucoup de Coréens pouvaient se reconnaître.
Comment s’est déroulée l’écriture de l’intrigue ?
Personnellement, chaque fois que j’écris, le moment le plus douloureux reste le dénouement. Je confesse avoir toujours du mal à trouver une issue à l’histoire. Néanmoins dans le cas de Wasteland, tout m’est apparu cette fois évident. Dès l’instant où j’ai eu les premières images du film en tête, la fin s’est imposée d’elle-même, de façon instantanée. J’ai d’abord imaginé des paysans terrifiés, puis dominés par la rage et le tourment jusqu’à la scène finale, celle de la dispersion des cendres d’un homme qui a tout perdu de trop avoir voulu. Entre le début et la fin, restaient à donner une épaisseur à l’histoire au prix de quelques détails.
Plusieurs séquences du film sont assez fortes et émotionnelles. Décrivez-nous l’expérience de diriger les comédiens lors de ces séquences.
Dans la distribution, ne se trouvent que des acteurs expérimentés. Ils ont donc tout de suite capté mes intentions et les ont exprimées. Cependant il a fallu éclairer le personnage incarné par l’actrice Kim Jae Hwa. Il est vrai que Mme Hwa Cheon a une personnalité trouble et pas très lisible si bien que Kim Jae Hwa m’a demandé de préciser les ressorts de celle qu’elle devait incarner. Alors en deux pages j’ai détaillé la vie que traversait Mme Hwa Cheon depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Kim Jae Hwa s’est emparé du texte, elle s’est imprégnée du personnage et elle a fini par l’incarner comme je l’avais imaginé.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Incohérence de Bong Joon Ho, Plan familial de Jung Jiyun, Han de Na Hong jin, Next Floor de Denis Villeneuve, etc. Ces courts métrages m’ont le plus influencé.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Le mensonge le plus plausible.