Goûter avec Le roi David
Entretien avec Lila Pinell, réalisatrice de Le roi David
D’où vous est venue l’envie de raconter l’histoire de Shana ? Certains des personnages sont-ils tirés d’exemples ou d’expériences que vous avez eus dans la vie ?
J’ai eu envie de raconter l’histoire de Shana après ma rencontre avec l’actrice qui joue son rôle, Eva Huaut. Je la connais depuis son enfance et je l’ai perdue de vue pendant 7 ans. Quand je l’aie retrouvée, elle avait 20 ans et avait traversé plein de choses dans sa vie complètement imprévisibles pour moi. J’ai eu envie de mettre en scène son quotidien, son volontarisme et sa difficulté à se sortir d’une histoire d’amour toxique. Les personnages qui l’entourent dans le film sont inspirés des gens qu’elle a côtoyés à une époque de sa vie.
Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Le roi David renvoie à la reproduction d’un tableau qui était chez sa mère quand elle était enfant. David, c’est aussi le nom de son amant qu’elle a du mal à oublier. Sa mère et son mec sont les deux choses inconciliables avec lesquelles elle est en conflit. Je voulais que la présence de cet homme pèse sur elle pendant tout le film alors qu’on ne le voit jamais et qu’il n’est pas tellement question de lui. Cette omniprésence se fait sentir jusque dans le titre du film, qui porte le nom d’un absent. Il est son obsession.
Comment s’est déroulé le casting ?
Pour le casting, j’ai rencontré des personnages de l’entourage d’Eva qui jouent dans le film. Sa copine Sarah, sa tante. Pour certains rôles, ses copines se sont désistées et on a dû trouver des remplaçantes. C’est Eva qui a rencontré Anaïs à ce moment-là et qui me l’a présentée, on a rencontré Charlène et Willy à Drancy en faisant des repérages… J’ai proposé un rôle dans le film à un copain, Sekouba Doukouré, et il s’est occupé d’une grande partie du casting. Il nous a présenté beaucoup de jeunes du Labec, un collectif du 20e arrondissement de Paris, laboratoire d’expression et de création. Pour la mère de Shana, j’ai pensé à la tante d’une amie qui a une présence très forte et que ça amusait de jouer.
Comment avez-vous travaillé avec les acteurs ? Y a-t-il une part d’improvisation ?
J’ai écrit un scénario avec des dialogues à partir d’histoires qu’Eva m’avait racontées. Puis j’ai travaillé avec les acteurs qui ont improvisé et se sont réapproprié le texte. Ces improvisations étaient enregistrées par mon assistante Charlotte Buenomo. J’ai ensuite réécrit les dialogues à partir des enregistrements, en choisissant ce qui me plaisait.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
Un court métrage qui m’a marquée : Herman Slobbe – L’Enfant aveugle 2 de Johan van der Keuken. Je l’ai vu pendant mes études de réalisation documentaire à Lussas, et je n’avais pas vu tellement de documentaires avant ça. Je me suis dit : ah ok on peut faire des films aussi personnels, subjectifs et libres, et dans une toute petite économie. Ça a déterminé ma façon de travailler par la suite.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Un bon film pour moi c’est un film qui me surprend. J’ai des goûts très éclectiques mais je crois que c’est le point commun des films que j’aime.
Pour voir Le roi David, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F9.