Lunch avec Anxious Body (Corps Anxieux)
Entretien avec Yoriko Mizushiri, réalisatrice d’Anxious Body (Corps Anxieux)
Comment votre créativité se met-elle au service de la représentation des sensations et sentiments ? Comment avez-vous abordé ce point en particulier dans Anxious body ?
Je ne cherche pas forcément à faire passer une signification donnée ou un message par le biais de mon travail, mais plutôt à interagir avec les spectateurs en exprimant des sensations et des sentiments qui peuvent être relayés sans raconter d’histoire ni parler. Dans ce court métrage, j’ai essayé de créer une structure qui permettrait au public de se concentrer sur les expériences sensorielles, en mettant de côté les significations et les messages.
Le corps humain est-il un sujet qui vous intéresse ?
Les sens du corps humain sont les éléments qui nous sont les plus familiers, mais aussi les plus mystérieux. Je pense que c’est pour cette raison qu’il s’agit d’une source d’inspiration inépuisable, et d’un thème parfait pour le partager avec les autres.
Vous intéressez-vous aux arts d’expression corporelle comme la danse ou le théâtre Nō ? Ont-ils un impact sur votre créativité ?
Les théâtres Nō et Kyōgen comportent peu de dialogues et de mouvements, mais la précision et la profondeur des gestes des acteurs permettent au public d’imaginer et de ressentir les scènes et les sensations de manière réaliste. Je trouve que c’est fantastique et très intelligent de donner aux spectateurs des sensations riches avec ces techniques sophistiquées qui en disent peu et font l’économie du superflu. C’est l’objectif que je me fixe en termes d’expression.
Combien de personnes ont travaillé sur l’animation, et combien de temps cela a-t-il pris ?
J’ai fait l’animation d’Anxious body seule. Cela m’a pris environ un an, de la conception à la finalisation.
Selon vous, quel effet provoquent les couleurs pastel par rapport aux couleurs vives ?
Deux raisons majeures peuvent justifier l’utilisation de couleurs pastel. La première : donner, autant que possible, une impression de douceur. Et la seconde : mettre en évidence les lignes des contours qui marquent les mouvements de l’animation. J’ai essayé d’éviter d’utiliser des couleurs vives pour que l’œil soit attiré vers les lignes plutôt que vers les surfaces.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
In A Pig’s Eye d’Atsushi Wada m’a beaucoup marquée. Il est assez difficile à comprendre à cause de son histoire unique et de ses expressions, mais en fin de compte, il m’a fait ressentir quelque chose d’exaltant. Ce court métrage a exercé une grande influence sur mon travail.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Le fait qu’il ait quelque chose de distinctif et d’unique. Si un spectateur dit « Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est intéressant », je le prendrai comme un compliment. Je pense qu’un bon film doit susciter ce type de commentaires.
Pour voir Anxious Body, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F10.