Dernier verre avec Léo la nuit
Entretien avec Nans Laborde-Jourdàa, réalisateur de Léo la nuit
Comment vous est venue l’inspiration pour Léo la nuit ?
J’ai eu envie de montrer quelque chose de ma vie et celles de personnes que j’aime. Ce sentiment d’instabilité matérielle et affective avec laquelle on jongle avec panache au quotidien. Un homme qui avance sur la crête, excelle dans l’art du passe-passe et qui se retrouve le temps d’une nuit avec son fils qu’il n’a pas élevé. J’avais envie d’un film d’errance doux et libre, sur la famille qu’on se choisit et sur la force du collectif. J’avais rencontré Cyusa, qui joue Léo, un peu plus tôt sur un projet autour de mon adolescence pyrénéenne. Il avait un humour et une mélancolie dans lesquelles je me retrouvais et j’ai eu envie de poursuivre notre dialogue avec ce film. Léo la nuit a été réalisé dans un élan, au sortir du premier confinement. Il a été autoproduit, pensé en deux semaines, avec cette urgence pour l’équipe de se retrouver après plusieurs mois séparés.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la thématique de la parentalité ? Envisagez-vous de réaliser d’autres films sur ce sujet ?
Je voulais que le personnage de Paul avance à vue sur ces questions-là, qu’il considère Léo d’égal à égal, avec une certaine horizontalité. Je voulais confronter son équilibre précaire avec la stabilité que cela suppose d’être père. Il y a aussi la question de ce que l’on transmet qui me touche et de montrer d’autres manières de faire famille. En ce moment, j’écris autour de trajectoires transfigurées par une obsession amoureuse, sur le fanatisme. Et j’ai un projet avec le danseur François Chaignaud dans une petite ville pyrénéenne.
Dans votre imagination, y a-t-il déjà une suite à Léo la nuit ?
Oui, j’ai imaginé Léo la nuit comme la première partie d’une série de fragments. Même si ma volonté était de laisser le film ouvert et qu’il puisse exister par lui-même, j’ai écrit d’autres chapitres à leurs errances, entre Paris et Los Angeles.
Comment avez-vous choisi les acteurs ?
J’ai choisi des personnes que je connaissais de près ou d’un peu plus loin et j’ai écrit pour eux. Il y a des amis comédiens et des personnes qui n’avaient jamais joué devant une caméra. Des amateurs et des professionnels, des amis de longue date, des personnes que j’avais rencontrées le temps d’une nuit. J’avais le sentiment que quelque chose de ces différentes relations pouvait transparaitre dans le film.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
La Distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos. Une rencontre fulgurante entre deux hommes dans une station-service grecque.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
J’aime les films qui laissent de la place à ceux qui les regardent, qui ne cherchent pas à imposer une narration.
Pour voir Léo la nuit, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F10.