Breakfast avec The Textual Way of Contemporary Dialogue (L’Approche textuelle du dialogue contemporain)
Entretien avec Ting Chi-Wen , réalisateur de The Textual Way of Contemporary Dialogue (L’Approche textuelle du dialogue contemporain)
Qu’est-ce qui vous a inspiré The Textual Way of Contemporary Dialogue ?
L’an dernier, j’ai lu un livre, L’Ordre du temps, de Carlo Rovelli. En outre, je me suis intéressée à la théorie de l’image de Gilles Deleuze. J’ai constaté que la plupart des dialogues au cinéma étaient toujours exprimés dans une temporalité linéaire à l’intérieur d’une scène. Mais notre communication au quotidien passe par des téléphones portables et des ordinateurs qui occupent un espace-temps différent, un contexte différent. J’ai alors imaginé un film expérimental qui montrerait un groupe de personnes qui sont en contact les uns avec les autres, en train de communiquer dans un espace commun fictif, mais dont les échanges, pris dans un contexte linéaire, deviennent absurdes et comiques.
Comment est venue l’idée du split screen ?
Je voulais créer dans ce film l’illusion de la présence, mais aussi de l’absence, comme si on était tous présents dans un même lieu, mais sans l’être. C’est un aspect de l’utilisation des messageries que l’on a tendance à sous-estimer. Je ne me suis pas contentée d’un écran divisé, j’ai aussi ajouté sur la droite et sur la gauche un cadre montrant deux autres lieux, ce qui fait de la scène un espace fictif hyper large.
Comment avez-vous élaboré les dialogues ?
C’est un procédé intéressant : d’abord, j’écris le dialogue entre les six personnages pour établir les relations entre les uns et les autres, puis j’espace le rythme de leurs échanges respectifs, en faisant en sorte que les répliques s’imbriquent dans un autre texte, de façon irrégulière. Ensuite, les répliques imbriquées ont été modifiées pour que les phrases aient un double sens au sein de l’enchaînement. Heureusement, le résultat obtenu était vraiment saisissant.
Vous intéressez-vous particulièrement aux nouvelles habitudes qui découlent de l’usage de la technologie ? Avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Je réfléchis beaucoup à l’impact d’Internet ou des réseaux sociaux à l’heure actuelle, pas uniquement sur notre façon de communiquer, mais aussi sur notre façon de percevoir les choses. Après le festival, fin février, je vais tourner un nouveau court métrage, Eyes Wide Rape, qui parle du phénomène du revenge porn. J’espère qu’il rencontrera du succès auprès du public.
Quel est votre court métrage de référence ?
Il y a plein de magnifiques courts métrages que je pourrais citer, mais je mettrais Možnosti dialogu de Jan Švankmajer en premier sur ma liste.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Une sorte de phare qui montre le chemin à la nouvelle génération de créateurs de films qui aiment prendre des risques. C’est un honneur pour moi d’y participer.
Pour voir The Textual Way of Contemporary Dialogue (L’Approche textuelle du dialogue contemporain), rendez-vous aux séances de la compétition labo L1.