Breakfast avec Wa Thakarina Wa Unthana (Aux hommes et aux femmes)
Entretien avec Ahmad Alyaseer, réalisateur de Wa Thakarina Wa Unthana (Aux hommes et aux femmes)
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de raconter cette histoire ? Est-elle basée sur une expérience vécue ?
Ma sœur et moi avons été inspirés par notre rencontre avec Bousi, une femme transgenre originaire d’un pays arabe. Son histoire était bouleversante. Bousi a passé toute sa vie à chercher la reconnaissance de sa famille, de ses amis et de la société en général. Bien qu’elle ait obtenu le droit de changer de sexe, elle n’a jamais obtenu la reconnaissance officielle de son nouveau genre, ce qui la rendait vulnérable à une discrimination systémique. Nous nous sommes alors demandé ce qui arrivait à une personne transgenre à son décès. La discrimination et le rejet continuent-ils ?
Dans le film, l’enfant semble assez jeune. La famille a-t-elle eu le temps de se poser toutes ces questions ?
Leur fille est jeune, mais je pense que même si elle était plus âgée, le problème serait tout aussi complexe. Ce que les parents affrontent n’est pas lié à l’âge, mais à la pression de se conformer aux normes sociales, culturelles et religieuses.
Comment avez-vous choisi les acteurs ?
J’avais déjà travaillé sur une série télévisée avec Shafiqa Al Tal, qui joue le rôle de la mère, et j’étais tombé amoureux de sa personnalité, dans la vie comme à l’écran. Elle a un visage très intéressant, et lorsque nous avons écrit le scénario, avec ma sœur, on ne voyait qu’elle pour incarner ce rôle. Quant à Kamel El Basha, je l’ai vu dans The Insult, un film libanais, et j’ai tout de suite su qu’il serait parfait pour jouer dans notre film.
Quel est votre parcours de réalisateur ?
J’ai beaucoup d’expérience dans la télévision. J’ai récemment réalisé une émission pour les enfants qui a été nominée aux Emmy Awards (Ahlan Simsim – Sesame Workshop). J’ai réalisé et produit plusieurs séries télévisées pour des plateformes locales comme Shahid, VIU et MBC. Il y a dix ans, j’ai écrit et réalisé un long métrage expérimental (When Time Becomes a Woman) qui a été sélectionné au plus vieux festival du film de science-fiction, le Boston Sci-Fi Festival. Avec ma sœur, je travaille actuellement sur l’écriture de deux longs métrages (To Him We Return, Our Males and Females) et d’une série télévisée (Samandal).
Quel est votre court métrage de référence ?
J’ai été fasciné par The Windshield Wiper et les regards multiples sur l’amour qu’il propose. Plus localement, j’aime beaucoup Ave Maria et Condom Lead.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Quand j’ai su qu’on était sélectionnés au festival international du court métrage du Clermont-Ferrand, j’ai sauté de joie. Tout d’abord, j’espère que le film sera vu par beaucoup de monde. Quand on raconte une histoire, c’est la seule chose qui compte vraiment. Nous espérons aussi nouer des liens avec des partenaires potentiels, des distributeurs et des commerciaux qui s’intéresseraient à nos longs métrages, pour me permettre de continuer ma carrière de scénariste et réalisateur. Et bien sûr, on adorerait remporter le Grand prix ! Ce serait mon premier discours de remerciements, ce serait vraiment énorme !
Pour voir Wa Thakarina Wa Unthana (Aux hommes et aux femmes), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I13.