Dîner avec Khoziayka mednoy gory (La maîtresse de la montagne de cuivre)
Entretien avec Dmitry Geller, réalisateur de Khoziayka mednoy gory (La maîtresse de la montagne de cuivre)
Le synopsis mentionne le fait que le film est inspiré du folklore minier de l’Oural. Pouvez-vous nous parler un peu des spécificités de ce folklore ?
L’Oural est considéré comme la plus grande région industrielle au monde. Son développement a commencé aux XVIIIème et XIXème siècles. Les gens qui travaillaient dans la sidérurgie et dans les mines de fer se sont créé un folklore singulier qui mélange les légendes des peuples de l’Oural avec des histoires liées à leur travail, à l’extraction des pierres et des minerais. Dans ces légendes, des trames d’histoires vraies s’entremêlent à des récits surnaturels, comme par exemple, l’histoire d’un serpent géant qui vit sous terre, celle d’une sorcière minuscule qui se transforme en feu, qui elle aussi vit sous terre et hante les marais, et celle de la Maîtresse de la montagne de Cuivre, qui gouverne le monde des pierres et métaux. Rencontrer ces créatures pouvait vous apporter une grande richesse, mais la plupart du temps, c’était des présages de mort. Ces êtres pouvaient aussi transmettre un savoir secret aux artisans de la pierre et leur apporter des pierres rares.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce film d’animation ?
Je suis né dans le centre de l’Oural, à Ekaterinbourg. Mon enfance, comme celle de tant d’autres là-bas, était liée aux pierres. J’ai grandi avec ces histoires. Je me sens très proche de ces textes et je comprends vraiment les motivations des personnages. Il était aussi important pour moi de faire ce film pour m’expliquer pourquoi je suis comme je suis, ou au moins pour soulever cette question. De mon point de vue, les lieux exercent une forte influence sur les gens et sur leur vision du monde. Et, bien sûr, la dimension surnaturelle de l’histoire est très stimulante artistiquement et très cinématographique. Je voudrais aussi signaler que ces textes ont été rassemblés, enregistrés et brillamment édités par Pavel Bazhov.
Que représente l’émeraude dans le film ?
L’émeraude est une pierre précieuse très rare. L’Oural possède un gisement d’émeraudes très important. Comme toute pierre précieuse, elle est belle et brillante, mais elle attire également beaucoup de criminalité. Très souvent, les gemmes sont synonymes d’amour et de mort. Cette pierre nous permettait de voyager dans le récit pour aller exactement où on le voulait, d’aller sous terre, de rencontrer l’amour, la passion, la jalousie, de voir les gens pour qui cette pierre est une profession, et au sein de ce métier, de découvrir ce savoir secret, qui est plus important que tout trésor ou toute récompense, de rencontrer la Maîtresse de la montagne de Cuivre, l’impératrice du monde souterrain.
Pouvez-vous nous dire quelques mots de la technique d’animation ?
C’est de l’animation de papiers découpés, mais combinée à de l’animation traditionnelle, dessinée à la main.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
J’aimerais que le court-métrage d’animation à but non commercial perdure comme perdure la maîtrise des artisans de l’Oural, qui conservent et transmettent le savoir-faire secret du travail des pierres.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Pour ma part, en tant qu’animateur, la quarantaine ne m’a posé aucun problème. J’ai continué de travailler à la maison comme d’habitude.
Pour voir Khoziayka mednoy gory (La maîtresse de la montagne de cuivre), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I10.