Goûter avec Narvalos
Entretien avec Bilel Chikri, réalisateur de Narvalos
Comment avez-vous choisi le titre Narvalos ?
Je ne trouvais pas de titres au début, si ce n’est des choses trop vulgaires pour les écrire (ahah), mon producteur m’a suggéré de trouver autre chose. Puis j’ai décidé de choisir ce mot qui est une expression familière dans mon département pour parler de personnages décalés, les marginaux, qui ont toujours fait partie de mon décor. La vraie ironie c’est qu’ils sont parfois tellement ancrés dans ce décor, que ces êtres souvent bruyants et troublants, deviennent des oubliés. Comme une vieille habitude à laquelle on ne fait plus attention… Je voulais les mettre en lumière.
Y a-t-il des anecdotes vous ayant inspiré pour le film ou certaines séquences ?
Aussi difficile que ça puisse être à croire, toutes les séquences que j’ai écrites dans mon film sont issues de situations que j’ai vécues ou observées. J’ai juste tenté de photographier un contexte, une ambiance, une atmosphère et de la retranscrire grâce à la fiction.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le contraste entre les attentes du migrant Marocain et les rapports très brusques et la vulgarité assumée de ses cousins Français et de leur voisinage ?
Il y a eu l’arrivé de mon cousin, dans ma ville à Clichy-sous-Bois. J’ai très vite été désigné comme guide et responsable lors de sa venue. Cette posture m’a ouvert les yeux. En le voyant évoluer dans ce cadre, je me suis surpris plusieurs fois à me demander qu’elle était sa perception et de m’amuser à me projeter à travers son point de vue. La folie de ce contexte inédit l’a d’abord surpris puis il s’est vite acclimaté, en me confiant parfois de la tendresse pour cet environnement. C’était une manière de prendre de la distance, grâce à ce personnage extérieur et neutre, qui découvrait ma réalité.
Qu’est-ce qui vous plaisait dans le principe du chapitrage des séquences ?
Il y’a beaucoup de clivages dans chaque quartier, je trouvais qu’utiliser « le chapitrage » était la meilleure façon d’illustrer ces différents cadres et groupes. Nos quartiers sont constitués de beaucoup de cultures et de traditions très variées, c’était un bon moyen de raconter cette vaste fresque et la diversité des ambiances.
Y a-t-il une suite à Narvalos ?
J’espère, il me reste beaucoup de choses à raconter…
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je suis très sensible à ce format, je trouve que c’est le meilleur exercice. Il s’agit pour moi de pouvoir définir son univers, d’apprendre l’écriture etc. C’est un vrai tremplin et une étape nécessaire selon moi. J’essaie de mettre mon énergie pour aider d’autres gens à fabriquer les leurs et je remercie encore Ladj de permettre à tous ces courts métrages de voir le jour.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
J’en ai beaucoup ahah. Pour aller à l’essentiel, je conseillerai à tout le monde de voir Les misérables, Sheitan, Le printemps, l’automne et l’amour et la série sur le confinement disponible sur Netflix. D’écouter Mac Tyer, PNL et Oxmo Puccino. Enfin, de lire L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera.
Pour voir Narvalos, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4.