Dernier verre avec PLSTC
Entretien avec Laen Sanches, réalisateur de PLSTC
Voulez-vous nous expliquer ce que signifie l’acronyme PLSTC ?
PLSTC est un acronyme inventé qui signifie “plastic“. Ce nom a plusieurs avantages, il est succinct, lisible et compréhensible phonétiquement dans la plupart des langues. Et puis, avec ces lettres “manquantes visuellement”, il illustre peut-être aussi l’idée que le plastique ne se désintègre pas totalement et reste malgré tout du plastique.
Quelles techniques avez-vous utilisées pour générer ces images ?
Aucun animal n’a été maltraité durant ce tournage, puisqu’il n’y a pas eu de tournage. PLSTC est une fiction numérique mix médias à 99%. C’est le résultat d’un travail expérimental en symbiose entre sensibilité humaine et outils numériques dont certains utilisent de l’intelligence artificielle (IA) appliquée aux formes artistiques. Dans un premier temps, les images ont été créées avec l’assistance de Midjourney, un outil IA de type “text2image“ fonctionnant à partir de descriptions textuelles (prompts) pour générer des images uniques fixes. Il m’a fallu créer une collection de plusieurs milliers d’images représentant une quarantaine d’espèces animales et végétales pour pouvoir ensuite sélectionner les 400 images les plus justes, poignantes et cohérentes visuellement. Une fois ces images retouchées à la main en 2D avec Photoshop, je les ai transformées en scènes 3D avec des outils de création de profondeur Z, également à base d’IA. J’ai ensuite de nouveau retouché les plans individuellement à la main pour garantir leur crédibilité visuelle en mouvement. Après l’agrandissement de chaque plan en 4K toujours à l’aide d’autres outils IA spécialisés dans cette tâche, j’ai pu commencer le montage et le compositing vidéo du film avec des outils traditionnels de postproduction tels que Premiere et After Effects.
Et les 1% non-numériques restant ? Les particules et microbulles qui, elles, sont bien réelles.
Pour 1 minute 15 secondes d’images, combien de temps avez-vous travaillé en tout et y a-t-il eu des obstacles à surmonter ?
En effet, le film est relativement court mais intense avec ses quelque 400 plans truqués. Mis à part de petits bugs “de jeunesse“ – contournables – de certaines applications d’IA, tout s’est déroulé comme prévu et de façon très rapide par rapport, par exemple, à une production CGI classique qui comporterait autant d’éléments animés. L’ensemble du projet PLSTC m’a demandé 3 mois. J’ai réalisé le film en lui-même en 2 mois : du concept à l’étalonnage en passant par la création des visuels, les transpositions en relief, suivies du montage et enfin du compositing VFX. Puis, une semaine de conception sonore avec Magnus Monfeldt suivi de Nick Smith qui a également peaufiné un mix 5.1. Et enfin, 3 semaines supplémentaires pour mettre en place tous les éléments autours de son lancement (fiche du film, PR, traductions, site web, teasers, posters, visuels clés et autres contenus de com’ aux formats spécifiques pour la promo sur différents réseaux sociaux, liste de festivals, etc…).
Comment avez-vous choisi le morceau musical qui accompagne le film ?
Très simplement, très rapidement et aussi très tôt dans le processus : en faisant des recherches spécifiques sur des plateformes de librairies musicales. J’avais déjà une idée précise de ce que je voulais en termes de rythme, de durée, de genre et d’instrumentation. Je suis tombé rapidement sur ce morceau qui correspondait à mes attentes et qui m’a immédiatement percuté.
À quel point êtes-vous intéressé par la question de la sensibilisation à la protection de l’environnement ? Avez-vous d’autres projets sur cette thématique ?
Les problématiques environnementales me préoccupent forcément de plus en plus. Mais je ne suis ni marin, ni scientifique, ni avocat à la Commission européenne. Mes armes sont ma sensibilité, ma créativité et mes savoir-faire artistiques. Si mes messages arrivent à toucher des personnes capables de faire des changements dans la vraie vie, j’estime avoir joué mon rôle : communiquer au moyen de l’art. Chacun est libre de s’impliquer à sa façon. En ce qui me concerne, en plus d’avoir passé un trimestre à auto-produire ce film, je reverserai 20% des recettes engendrées par PLSTC à des ONG sur le terrain. Mes prochains projets en cours concernent également des causes universelles et j’explore forcément de nouveaux outils d’IA pour éventuellement m’aider à les réaliser.
Quel est votre court métrage de référence ?
Il y en a beaucoup évidemment, mais je vous citerai le premier et le dernier qui m’ont marqué : La Jetée de Chris Marker et A Short Story de Bi Gan. Mais j’espère bien en découvrir beaucoup d’autres à cette édition du festival de Clermont-Ferrand !
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
J’ai découvert le festival sur le tard, il y a une dizaine d’années seulement, à l’occasion de la sélection officielle d’un de mes premiers films d’animation Miss Daisy Cutter. J’avais été marqué par l’ampleur de l’évènement ici au cœur de la France, ainsi que l’enthousiasme et l’engouement du public et des organisateurs. Le festival de Clermont-Ferrand est pour moi une merveilleuse expérience et un exemple – à l’instar de Cannes ou d’Annecy pour le cinéma d’animation – de ce que qui se fait de mieux pour nourrir la passion et satisfaire la curiosité pour le cinéma, “aux quatre coins de l’hexagone”.
Pour voir PLSTC, rendez-vous aux séances de la compétition L5.