Lunch avec El After del Mundo (L’After du monde)
Entretien avec Florentina Gonzalez, réalisatrice de El After del Mundo (L’After du monde)
Pourquoi situer cette rencontre au milieu d’un environnement en cours de destruction ?
Je m’intéresse à la dystopie parce que je trouve que je trouve ce genre suprêmement libérateur et divertissant : tout y commence toujours à la fin de ce que l’on connaît.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette relation avec la mer ? Est-ce que vous avez d’autres projets sur ce thème ?
J’aime le fait que la mer ait toujours l’air vivante. Je crois que c’est l’effet que produit la vision d’un mouvement constant. Cette particularité est précieuse dans un monde où il ne reste ni humains ni animaux : dans ce paysage statique et désolé, la mer continuera toujours d’aller et venir. Je ne prévois pas d’autre film sur ce thème, mais il était présent dans mon film de fin d’études Trompita y la Migración de Liebres, qui se passait aussi sur une plage et se terminait tragiquement dans l’eau.
Quelles sont vos influences ?
Au niveau esthétique, El After del Mundo s’inspire de la série Primal de Tartakovsky. Ça s’est avéré une référence capitale quand il s’est agi de faire dériver le récit dystopique et un peu tragique vers quelque chose de plus joyeux dans le graphisme. Le voyage d’Anna Blume (In The Country Of Last Things), le roman de Paul Auster, m’a aussi influencée, plus indirectement, dans l’exploration de l’univers dystopique. J’ai aussi pour inspiration mon district, Buenos Aires. Le traitement des personnages, en particulier de Fluor, a quelque chose à voir avec les gens qui m’entourent. Les vues de la côte, les jeux d’eaux, les souvenirs, constituent aussi un collage d’images très localisées.
Avez-vous rencontré des difficultés techniques ?
Je pense que tout était un grand défi. J’ai appris beaucoup sur le plan technique. À dire vrai, c’était un luxe de pouvoir compter sur deux équipes épatantes en Argentine et en France avec les gens d’Autour de Minuit. Mais si je devais évoquer un moment particulièrement difficile, ce serait l’élaboration de l’animatique. J’ai bataillé et j’ai souffert, mais j’en ai tiré un enseignement.
Comment avez-vous travaillé sur la musique ?
Dans nos réflexions sur l’esthétique musicale, Juana Molina faisait toujours partie des influences principales. Le timbre de sa voix m’intéressait et sa façon d’utiliser les boucles correspondait parfaitement à l’idée d’un temps suspendu, englué dans l’éternelle répétition, qui caractérisait l’apocalypse que nous étions en train de créer. Quand nous avons démarré la production et qu’il a fallu déterminer notre choix définitif sur la musique, il m’est venu à l’idée de lui écrire. Juana a vraiment aimé le projet et a rejoint l’équipe. Elle a conçu trois chansons que les personnages écoutent toujours sur leurs téléphones mobiles.
Quel est votre court métrage de référence ?
Eh bien en vérité je suis toujours à l’affût de ce qui se passe dans la production de courts, notamment en animation. La liste de mes préférés est donc tout le temps remise à jour. On peut dire que le moins récent sera Belly de Julia Pott. J’ai trouvé merveilleux Easter Eggs de Nicolas Keppens, qui est paru en 2020. Et enfin Carne de Dios, du réalisateur argentin Patricio Plaza, comptait parmi ce que j’ai vu de mieux cette année.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
J’habite en Argentine, je n’ai donc pas eu le plaisir d’assister aux précédentes éditions, mais je sais que c’est le plus important festival de court métrage. Je suis impatiente d’y assister cette année pour en tirer plus de conclusions.
Pour voir El After del Mundo (L’After du monde), rendez-vous aux séances de la compétition nationale F6.