Dîner avec Le Feu au lac
Entretien avec Pierre Menahem, réalisateur de Le Feu au lac

Au départ, il y a ce paysage de haute montagne que je connais intimement, un paysage au sens large : une vallée, ses hameaux, ses habitants, les paysans et les résidents secondaires, dont je fais partie. Un ami de longue date, éleveur de vaches, m’a récemment confié son homosexualité qu’il vit cachée. Cela a été le point de départ de ce récit qui convoque en un temps très court le choc d’un deuil et une pulsion de vie qui propulse mon personnage vers une rencontre et une forme d’acceptation et d’apaisement.

En milieu rural, la fin de vie n’est pas forcément vécue comme une tragédie. Elle obéit à un cycle naturel et je souhaitais aborder la mort avec un mélange de douceur et de sécheresse, observer également comment le deuil peut se faire par étapes, la tristesse n’étant pas forcément l’émotion première ou immédiate.


Cet environnement rural est la source même de mon inspiration pour ce film que je n’aurais pas pu transposer dans un environnement urbain. Les paysages traduisent les émotions des personnages qui doivent affronter des conditions de vie très dures liées au relief, au climat et aux travaux agricoles. Les montagnes ont quelque chose d’ambivalent : elles sont grandioses, impressionnantes, mais aussi oppressantes et parfois même menaçantes et dangereuses. Le silence et la solitude sont aussi des composantes essentielles à cet environnement et dans mon film.

On m’a plusieurs fois fait remarquer qu’il y avait dans ce court métrage matière à un long, que je suis en train d’écrire. Il ne s’agira évidemment pas de la même histoire, mais ce territoire et ces personnages auront droit à une « suite ».


Je n’ai pas de court métrage de référence car j’en visionne très peu, malheureusement. Mon métier de producteur se concentre sur les coproductions internationales de longs métrages de fictions avec ma société Still Moving. Mon film de référence pour Le Feu au lac est un film suisse de Fredi Murer qui date de 1985, L’Âme soeur. Il se déroule dans les Alpes suisses et évoque une relation amoureuse entre une sœur et son petit frère sourd muet. On y trouve ce mélange de douceur et de rugosité qui m’émeut profondément en haute montagne.

N’ayant pas l’habitude de fréquenter les festivals de courts métrages, je suis vraiment curieux de découvrir l’ambiance paraît-il très singulière de ce festival connu dans le monde entier, ses immenses salles, son public enthousiaste que j’imagine guidé par l’excitation de la découverte. Curieux également d’explorer l’écosystème du court métrage, son Marché, sa dimension économique.
Pour voir Le Feu au lac, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F10.
