Breakfast avec El Sembrador de Estrellas (Le Semeur d’étoiles)
Entretien avec Lois Patiño, réalisateur d’El Sembrador de Estrellas (Le Semeur d’étoiles)
Votre travail s’inspire-t-il souvent de la poésie ? Avez-vous écrit vous-même des parties d’El Sembrador de Estrellas ?
Je n’ai pas l’habitude d’écrire de la poésie, seulement de temps en temps ; mais j’en lis beaucoup, et ce projet m’a donné une belle occasion de commencer à en écrire plus. L’essentiel du scénario consiste en un montage de textes de différents poètes et philosophes, avec des parties que j’ai écrites pour lier les fragments en introduisant quelques éléments d’un récit fictif. Je voulais que le film soit comme un livre d’aphorismes dédiés principalement à la contemplation.
Comment avez-vous œuvré sur les lumières et les transparences ?
Ça a été un travail difficile auquel je me suis attelé pendant la pandémie. Je voulais que l’image dialogue avec les peintures de paysages zen, où l’usage du vide est essentiel au maintien du caractère illimité des formes. Je voulais en quelque sorte transposer ces idées nées de la contemplation de la nature à un paysage urbain plein de lumières, en utilisant le noir de la nuit à la place du blanc de la neige ou du brouillard pour effacer ou cacher les formes. Je voulais qu’à un moment cette ville de lumières se mette à devenir de plus en plus irréelle, pour se rapprocher de villes futuristes dans la lignée de celle de Blade Runner. C’est ce qui m’a amené à commencer à faire des superpositions plus délirantes.
Pourquoi avez-vous voulu inclure ce train en mouvement, et quelle est l’importance de son reflet dans l’eau ?
L’observation du mouvement du train la nuit à Tokyo, c’est ce qui m’a apporté l’idée de faire ce film. J’ai trouvé que c’était une expérience fascinante, très propice à la méditation que de regarder les trains traverser le vide. Car derrière le noir, ce qui n’est pas vu, nous ne savons pas ce que c’est. J’ai pensé que ce serait intéressant de changer la matière de ce noir : parfois, ce seraient des bâtiments solides, parfois une rivière liquide, ou encore l’air d’un ciel nocturne.
Pourquoi choisir un décor urbain ? Avez-vous des projets de films dans cet environnement spécifique ?
Mes œuvres précédentes reflétaient notre relation avec le paysage et la nature, et là, travailler sur un espace urbain faisait partie des défis. J’ai aussi aimé l’idée que le seul type de lumière qu’on voie dans le film soit artificiel, pour que même la lumière ne soit pas naturelle.
Quel est votre court métrage de référence ?
Szél (Wind), 1996, de Marcell Iványi. C’est une œuvre très forte, avec un concept puissant en matière de langage cinématographique. Il l’a créé en tant que film d’études et s’est retrouvé à gagner la palme d’or du meilleur court à Cannes.
Que représente le festival pour vous ?
Ça compte beaucoup pour moi. J’ai obtenu un prix en 2014 pour Montaña en Sombra, et je suis revenu l’année d’après en tant que membre du jury labo. C’est le plus grand festival de courts métrages, et nous travaillons tous dur pour y être sélectionnés.
Pour voir El Sembrador de Estrellas (Le Semeur d’étoiles), rendez-vous aux séances de la compétition labo L5.