Goûter avec Please Make It Work (Faites que ça marche)
Entretien avec Daniel Soares, réalisateur de Please Make it Work (Faites que ça marche)
Vous avez produit ce film en tourné-monté, sans autre ajout : s’agit-il pour vous d’une expérimentation ou de quelque chose que vous faites souvent ?
Le film consiste en un seul plan continu, sans aucune coupe. C’était conçu comme une expérience et ça s’est terminé en travaillant sur la toute dernière prise de notre seul jour de tournage. Mais ça fait aussi clairement partie de mon processus créatif. J’aime les films qui donnent au spectateur le temps de l’errance et de la découverte. La seule chose que nous avons ajoutée en post-production, ce sont quelques nuages pour donner du mouvement aux images.
D’où vous vient cet intérêt pour les conditions de travail des immigrants ? Avez-vous d’autres projets à venir sur ce thème ?
Il m’importe de faire des films à ce propos car c’est le milieu d’où je viens. Ce n’est pas forcément un choix conscient, mais c’est ce genre de personnages qui me fascine. Je descends d’une génération d’ouvriers, et j’ai le privilège de pouvoir faire des films : c’est tout naturel que mes films s’en inspirent.
Quel rôle donnez-vous à la montagne dans l’élaboration du film ?
Elle en faisait partie intégrale dès le moment de la conception. Je voulais observer le drame humain en le mettant en contraste avec la grandeur de la nature et du temps. Le film faisait partie de l’atelier de la Locarno Spring Academy, et je voulais vraiment que l’environnement montagneux des Alpes soit au centre du film.
Vous êtes-vous davantage attaché à décrire la relation mère-fille ou la rage résultant de l’accumulation de déboires ?
Les deux : elles sont liées dans mon esprit. La condition de travailleur immigrant implique d’être constamment au travail et d’avoir peu de temps pour être présent à la maison. En conséquence, il y a une grande tension entre la première et la deuxième génération d’immigrants. Être un parent présent est vraiment un luxe.
Quel est votre court métrage de référence ?
Comme j’ai déjà répondu à cette question lors de la dernière édition du festival, je vais parler de mon préféré de cette année. Il vient du Kosovo et s’appelle Displaced, de Samir Karahoda.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ? C’est quelque chose d’exceptionnel pour moi. J’ai passé un moment merveilleux l’an dernier et je suis honoré d’être de retour.
Pour voir Please Make It Work (Faites que ça marche), rendez-vous aux séances de la compétition labo L5.