Dîner avec The Age of Innocence (L’Âge de l’innocence)
Entretien avec Maximilian Bungarten, réalisateur de The Age of Innocence (L’Âge de l’innocence)
Comment vous est venue l’inspiration pour le personnage de Lev ?
Grâce à deux jeunes hommes sur un chantier de construction. En Allemagne, les ouvriers qualifiés sont très recherchés, et beaucoup d’adolescents trouvent leur premier emploi sur un chantier. Si certains veulent juste gagner un peu d’argent pendant les vacances, d’autres continuent dans cette voie. Je voulais écrire un personnage, qui se trouve à cet âge charnière : celui où l’on est jeune, que les choses ne sont pas très claires, et où l’on ne sait pas vraiment le genre de vie que l’on veut mener.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur son environnement ; la ville dans laquelle il vit ?
C’est une petite ville ou un quartier pavillonnaire allemand typique. Le tournage s’est déroulé aux abords de Cologne, où cohabitent les zones industrielles et résidentielles. C’est un environnement de classe moyenne et hétéronormé.
Que représente la forêt ?
Elle représente à la fois un lieu inconnu et un lieu de désir. La forêt est un lieu mythologique, très présent dans les contes de fées. Mais d’un autre côté, en périphérie de Cologne (et de nombreuses autres villes), les forêts séparent les banlieues du reste de la ville. Ces bois sont devenus un lieu de rencontre pour les travailleurs du sexe et les personnes homosexuelles.
Pourquoi avoir choisi ce titre ?
C’est une référence au roman d’Edith Wharton et à l’adaptation de Martin Scorsese. La première fois que j’ai vu ce film, j’ai été totalement fasciné par le conflit que vit le personnage qu’incarne Daniel Day-Lewis : ce que les autres attendent de lui, face à son désir caché de mener une autre vie. J’aimais l’idée de situer ce même conflit dans un environnement complètement différent, et en même temps, de lier cette thématique de l’innocence à un garçon qui quitte l’adolescence et découvre sa sexualité. J’adore aussi l’idée que ce titre promette une histoire d’amour épique et mélodramatique, car c’est ce dont il s’agit (en quelque sorte).
Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que réalisateur ? Quels types d’histoires et de genres aimez-vous explorer ?
J’ai étudié la réalisation de films documentaires, donc mon travail s’inspire souvent de personnes et de lieux réels. J’essaye ensuite de mêler cette expérience à des personnages de fiction. Par exemple, j’adore le travail de Valeska Grisebach et d’Eliza Hittman, qui intègrent beaucoup d’éléments documentaires dans leurs films de fiction. À l’heure actuelle, je m’apprête à aller un peu plus loin dans la thématique du passage à l’âge adulte : je suis en train de développer un film dont l’action se déroule dans le monde des fêtes foraines.
Quel est votre court métrage de référence ?
Bien sûr, je peux difficilement nier m’être inspiré des courts métrages de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, donc je dirais After School Knife Fight. Un des personnages du film cite même une phrase de leur court métrage. Je voulais rendre hommage à leur travail.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Je travaille avec beaucoup de Français, et ce projet ne fait pas exception. En étant sélectionné au festival de Clermont-Ferrand, c’est presque comme si le film rentrait à la maison.
Pour voir The Age of Innocence (L’Âge de l’innocence), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I9.