Dernier verre avec The Phantom Touch (Le Toucher fantôme)
Entretien avec Pablo Cuturrufo, réalisateur de The Phantom Touch (Le Toucher fantôme)
Comment avez-vous opéré pour construire votre récit à partir d’interactions virtuelles ? Avez-vous abordé les participants du chat avec cette idée préalable en tête ?
Le récit s’est fabriqué au fur et à mesure, car en commençant je n’étais pas certain de ce sur quoi le documentaire allait porter. Je savais seulement que je voulais expérimenter l’univers de réalité virtuelle de VRChat. J’ai bien sûr averti les utilisateurs que je faisais un film, et au fil du temps, il y a eu certaines des conversations récurrentes à propos des doutes sur l’avenir et du manque de perspective qu’on a voulu approfondir avec mon équipe. Mais la structure globale du récit s’est faite au fur et à mesure.
Quel sens donnez-vous au choix d’apparaître en oiseau ?
Le choix d’un avatar est une chose intéressante, car c’est la forme sous laquelle vous vous présenterez aux autres utilisateurs du chat. Je pense que j’ai trouvé une résonance dans la mélancolie et l’atmosphère générale que dégageait l’avatar de l’oiseau, mais je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi. Ça me paraissait tout simplement un choix adéquat. Et puis, avec un avatar attendrissant, les gens sont plus enclins à vous parler, car ils auront plus d’empathie à la vue d’un personnage à l’allure rigolote.
En quoi la réalité virtuelle vous intéresse-t-elle ? Avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Les différentes formes de réalité virtuelle, le métavers et internet sont des choses que j’ai très envie d’explorer à travers mon travail. Nous vivons dans un univers très numérique, qu’on l’admette ou pas, et la réalité virtuelle en est simplement la prochaine étape. Beaucoup de gens trouveront ça un peu radical, mais ce n’est qu’un développement de ce qui est venu avant. En ce moment je n’ai pas de projet sur ce thème, mais je suis en train d’écrire une série télé dont certaines parties se déroulent dans un monde de réalité virtuelle, dans la continuité d’idées et de thèmes présents dans The Phantom Touch.
En travaillant sur The Phantom Touch, est-ce que vous avez pensé à enregistrer votre propre vie quotidienne, à converser avec vos proches de la même manière dans la vie réelle ?
L’idée m’a traversé l’esprit, et ça pourrait être intéressant. Une des choses que je préfère dans The Phantom Touch, c’est l’aspect intime de chaque conversation qui y figure, et je me demande vraiment si je pourrais reproduire cela dans la vie réelle. Le fait est que dans un monde numérique, on ne transporte pas de caméra et de microphone, ce qui supprime le côté intimidant inhérent au fait de poser une caméra en face de quelqu’un.
Quel est votre court métrage de référence ?
Un mauvais pantalon de Nick Park, le deuxième court de Wallace et Gromit. J’ai toujours chéri ce film, et en grandissant il n’a jamais cessé de me fasciner. Ça a aussi été une révélation pour moi, dans la mesure où il a montré à l’enfant que j’étais une nouvelle façon de faire de l’animation et du cinéma. Je continue à le visionner de temps en temps et reste admiratif du savoir-faire artisanal et du travail qu’on y a consacrés.
Que représente le festival de Clermont-Ferrand pour vous ?
Ça compte beaucoup, et c’est très important pour moi en tant que réalisateur. C’est mon premier film, et je suis très excité et impatient de pouvoir le diffuser en dehors du Chili, mon pays d’origine, à un public aussi vaste, venu du monde entier.
Pour voir The Phantom Touch (Le Toucher fantôme), rendez-vous aux séances de la compétition labo L5.