Goûter avec Red star
Entretien avec Yohan Manca, réalisateur de Red star
Qu’est-ce qui vous a motivé à raconter le périple d’Adel ? Son personnage est-il basé sur une personne que vous connaissez ou une expérience personnelle ?
J’ai entendu parler de l’histoire de Djamel Chaar en 2013, un demandeur d’emploi, clown à ses heures perdues, qui s’est immolé devant une agence Pôle emploi à Nantes. C’est une histoire qui m’a profondément marqué, et en lisant à son sujet, je me suis rappelé les éducateurs dans mon enfance qui nous entraînaient au foot, animés par une passion, ils étaient adorés dans le club de quartier, mais seuls en rentrant chez eux, seuls dans leur vie, ils n’avaient que ça. J’avais envie de mélanger ces histoires, ces destins, ces solitudes.
Beaucoup d’entre nous se sont retrouvés impuissants face à ce genre d’injustices administratives. Qu’aimeriez-vous communiquer à votre public ?
La déshumanisation de tous ces services est quelque chose de terrible, on coupe les moyens, on remplace des conseillers par un serveur vocal, très souvent par soucis d’économie, alors que les chiffres du chômage, eux, ne baissent pas. Ils sont deux conseillers pour 200 demandeurs d’emploi dans certaines agences, c’est impossible pour eux de faire du cas par cas, et pourtant dans certaines situations il le faut. Le cas de Djamel Chaar n’est pas unique malheureusement, tu peux t’expliquer, faire tous les recours que tu veux, si l’ordinateur décide que tu ne peux rien y faire alors lui il s’en fout que tu crèves la dalle, il regarde des chiffres, tu n’es plus qu’un chiffre.
Parlez-nous du casting.
Je prenais mon café dans un bistrot appelé Le Mistral, près de Jourdain à Paris, et Abel Jafri, que j’avais adoré dans Timbuktu, y avait ses habitudes. On a discuté, et la mélancolie qui se dégage de lui m’a donné envie d’écrire ce film en pensant à lui. Judith Chemla, c’était la deuxième fois qu’on travaillait ensemble, et puis le reste ce sont souvent mes amis de longue date qui viennent filer un coup de main, Sébastien Houbani, Sofian Khammes, les gens que j’ai croisés dans mes aventures au théâtre. J’adore ce côté « famille », c’est bon de travailler en confiance avec des gens qu’on aime.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Dans ma toute petite expérience j’ai l’impression qu’à chaque histoire à raconter les influences changent ou se précisent, mais il y a certains cinéastes qui résistent et qui reviennent sans cesse, comme Ettore Scola, Scorcese, Fellini, Garrone, Jacques Audiard, les premiers Iñaritu, Fatih Akin… il y en a trop en fait.
Sur quoi aimeriez-vous travailler par la suite ?
Je suis en plein montage de mon premier long métrage, Mes frères et moi où je retrouve Judith Chemla, Sofian Khammes et Dali Bensallah. Ce sera distribué par Ad Vitam et ça sortira 2021-2022, si cette pandémie arrête de nous emmerder.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je trouve ça tellement difficile de raconter des histoires en si peu de temps, c’est pour ça que je suis toujours émerveillé quand ça fonctionne, quand ça t’embarque, c’est un format hyper inspirant, moi je suis un grand fervent du court métrage avant le long, projeter dans les salles de cinéma ou même à la TV pourquoi pas, le cinéma des cinéastes à Paris le faisait, je ne sais pas si c’est toujours le cas.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous ?
JE NE VEUX PLUS PARLER DE RECONFINEMENT SVP.
Pour voir Red star, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F8.