Dernier verre avec Atkūrimas (Le mannequin)
Entretien avec Laurynas Bareiša, réalisateur de Atkūrimas (Le mannequin)
Atkūrimas, un court métrage qui fait froid dans le dos, parle de perversion et de violence, et montre des actes d’une grande violence. Comment avez-vous abordé le tournage de ces scènes-là ?
D’abord, j’ai travaillé séparément avec Paulius, qui joue le rôle du criminel, et je ne l’ai présenté aux autres acteurs que le jour même du tournage. Avec le reste de l’équipe, j’ai travaillé sur la mise en scène et les dialogues, et le rôle du criminel était un peu une performance imbriquée dans une autre performance, celle où il était libre de jouer son propre rôle dans les limites définies par l’équipe de policiers. J’avais déjà collaboré avec Paulius, et le premier film que nous avons fait ensemble abordait un thème similaire, donc notre boulot a été, en partie, d’adapter notre expérience passée à ce nouveau contexte. Curieusement, l’autre film évoquait les circonstances ayant débouché sur un meurtre, et Atkūrimas parle de ce qui arrive après, ce qui nous donnait une impression de continuité entre les deux projets, bien qu’ils relatent chacun des événements différents.
Le film met brillamment en scène la dynamique de ce qu’on appelle aujourd’hui la masculinité toxique. Pouvez-vous développer un peu cet aspect du film ?
Pour cet aspect du film, je me suis inspiré de ce que ma sœur m’a raconté de sa vie quotidienne. J’ai tenté d’intégrer, en condensé, les micro-attaques, les remarques sexistes et les blagues malsaines qu’elle subit dans un environnement de travail dominé par les hommes. Elle travaille dans l’informatique, pas dans les forces de l’ordre, mais cette culture se retrouve dans toutes sortes de métiers. Le monde du cinéma ne fait pas exception à la règle, d’ailleurs.
Qu’est-ce qui a été le plus éprouvant pour vous lors du tournage de Atkūrimas ? Pourquoi ?
La mise en scène de la dernière scène a été compliquée pour moi, car nous avions une caméra encombrante équipée d’un zoom Angénieux, et peu de place pour prendre nos aises. Il a fallu refaire plusieurs fois la scène où les hommes se baignent dans la rivière avant de trouver la bonne composition. Heureusement qu’on avait tourné dans l’ordre chronologique, car les acteurs étaient trempés, épuisés et morts de froid après cette scène.
Qu’aimeriez-vous que le public retienne surtout de votre film ?
Je voudrais que le public soit dégoûté et révolté contre les violences quotidiennes faites aux femmes, de quelque nature qu’elles soient, verbales ou physiques.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
J’espère que le monde du court métrage va continuer à prendre de l’ampleur, car il m’a permis d’exprimer mes idées d’une façon qui aurait été impossible à envisager dans un long métrage. J’aimerais voir une section court métrage chez Netflix, et peut-être que la crise actuelle débouchera sur de nouvelles possibilités de développement.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
I May Destroy You de Michaela Coel et How To with John Wilson.
Pour voir Atkūrimas (Le mannequin), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I13.