Dîner avec Haikara
Entretien avec Siiri Halko, réalisatrice de Haikara
Comment décririez-vous votre film à quelqu’un qui ne l’a pas vu ?
Haikara est un film absurde mais réaliste sur les problèmes qu’on peut rencontrer quand on ne sait pas comment dire au revoir.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette relation entre Veikka et son père ?
Veikka et Kari sont dans une relation où les sentiments n’ont jamais été verbalisés. Pas de « Je t’aime » ni de « Je suis fier de toi ». C’est une relation qui coule de source, et ça a toujours été comme ça. Tout allait très bien jusqu’au jour où Veikka se rend compte que pour dire au revoir correctement, il faut dire quelque chose. Ce qui peut déboucher sur une situation très délicate et maladroite, et j’étais curieux de voir le changement de dynamique dans cette tentative. Je voulais aussi voir comment Veikka et Kari pouvaient gérer la situation, sachant qu’il n’a jamais été question, ni pour l’un ni pour l’autre, d’être direct.
Que symbolise le bébé sur la grue ?
Je pense qu’il fait partie de l’univers dans lequel évoluent Veikka et Kari : un jour, on peut trouver un bébé en haut d’une grue de chantier, et il faut alors s’adapter à une situation inédite. La vie peut parfois vous envoyer les obstacles les plus absurdes. De plus, comme le bébé devient la priorité de tout le monde, il va falloir d’autant plus de courage à Veikka pour faire entendre ce qu’il ressent. Il peut être traumatisant d’assister au sauvetage d’un autre : on a envie de se réjouir pour le bébé, mais en le faisant, tout le monde se détourne de Veikka.
Et le Français qui crie sur le chantier ?
Sur ce chantier, tout le monde est perdu, d’une façon ou d’une autre. Personne ne sait ce qu’il fiche là, et le Français pas plus que les autres. On ne choisit pas sa famille – aussi bordélique et incohérente soit-elle, il faut faire avec. Je voulais montrer un groupe qui, aussi disparate soit-il, forme une équipe, bon an, mal an.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Aucune idée, je ne sais même pas quel est l’avenir de qui que ce soit en ce moment. Je pense qu’il faut continuer à faire des choses qui nous relient entre nous, et dans ce cadre, les courts métrages peuvent avoir un rôle à jouer.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Voyons… Il y a une playlist des discours de remerciements d’Olivia Coleman recevant ses prix pour La Favorite. Vous la trouverez sur YouTube, voilà un truc qui me remonte le moral.
Pour voir Haikara, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I9.