Dernier verre avec Menschen Am Samstag (Les gens le samedi)
Entretien avec Jonas Ulrich, réalisateur de Menschen Am Samstag
Pourquoi avoir voulu montrer la vie quotidienne, le samedi, à Zurich ?
Quand j’ai vu pour la première fois Menschen am Sonntag (1930), j’ai été frappé par la capacité de ce film à me transporter à une époque et dans un lieu depuis longtemps disparus. J’avais l’impression de voir la vie de ces gens se dérouler en temps réel et ça m’a énormément ému. Donc, pour simplifier : j’espérais faire un court métrage qui puisse être une (petite) fenêtre sur notre époque et nos vies, même pour les spectateurs venus d’un autre continent ou d’un siècle futur. C’est la raison pour laquelle nous voulions que le film puisse être compris au-delà de la barrière de la langue et avons évité les dialogues. Je considère le film comme une série de tableaux, comme l’exposition du Musée d’histoire naturelle de New York montrant des hommes préhistoriques en train de faire des choses très importantes pour eux mais, peut-être, un peu bizarres pour nous.
Quelle est la proportion de passants, d’acteurs et de figurants dans Menschen am Samtag ?
Je pense que l’un des plaisirs du film est de ne pas savoir ce qui est mis en scène et ce qui ne l’est pas.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la question des habitudes et des attentes sociales et avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Les gens se comportent souvent de façon étrange et drôle dans leur vie quotidienne, surtout en public. Je prends toujours des notes quand je vois quelque chose d’intéressant. Et puis j’ai rassemblé certaines de ces notes et en ai fait un court métrage. Et oui, nous sommes en phase de préproduction d’un court métrage qui traite de (quelques) thèmes similaires : c’est une collection de scènes qui se déroulent dans différents bureaux à travers la Suisse. Mais avec beaucoup de dialogues cette fois.
Comment avez-vous travaillé sur l’esthétique façon tableau, l’éclairage et les couleurs ?
Je ne dirais pas qu’il y a un effet tableau vivant (tel qu’on le retrouve dans les films de Roy Andersson), mais mon directeur de la photo (Andi Widmer) et moi-même avons passé BEAUCOUP de temps à arpenter Zurich à la recherche des lieux de tournage parfaits. C’est vraiment un film sur la ville dans laquelle j’ai grandi.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je pense qu’il y a quelque chose de très excitant dans le fait de dire ce que vous avez à dire dans un laps de temps vraiment court. J’espère que les courts métrages continueront à avoir un public dans une ère numérique offrant d’interminables heures de contenu disponible en streaming.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Je ne me suis jamais ennuyé pendant le confinement parce que j’ai eu la chance de pouvoir continuer à travailler, sans compter ma liste IMDB de films à voir qui doit contenir plus de 700 titres. Si je devais recommander quoi que ce soit en cette période, en particulier à moi-même, ça serait de sortir. Aller se promener. Lire un livre. Appeler ses amis ou sa famille. Et ne pas trop regarder Netflix.
Pour voir Menschen Am Samstag (Les gens le samedi), rendez-vous aux séances L5 de la compétition labo.