Nightcap with Partir un jour [Bye bye]

5 February 2022
Festival, Meeting with…
By Abla Kandalaft
  • Partir-un-jour-8-RVB

Interview with Amélie Bonnin, director of Partir un jour [Bye Bye]

How did you come up with the character Julien? Why did you choose Normandy? 
The idea was simply the personal sense that I have of belonging to the place where I grew up, and of always having this ambiguous feeling each time I go back. On the one hand I tell myself I could never live there again, I no longer want to, and at the same time I need to go back there regularly in order to feel complete. And there’s also this fantasy about your other possible life… the one you would have had if you’d stayed… And the question: Where are those who stayed behind? What’s become of them? Is there a chance we’ll cross paths with our crush from primary school if we accompany our parents to the same supermarket we used to go to when we still lived there? There’s a passage I like very much from Patrick Modiano’s L’Horizon [The Horizon] that goes: “He had always imagined that deep in some neighborhoods he’d meet the people he used to see when he was younger, their age and bearing intact”. That made an impression on me because I see myself in that nostalgia, and in the slightly magical idea that returning to the place we grew up could be like going back in time. As for Normandy, that’s actually just a matter of chance. As it happens, it was the first region that liked my project and wanted to support it. But I liked the idea of not being far from Paris. That we could reach “the big city” in a couple of hours by car or train, and yet when you live there, “the capital” seems like another world.

Music and song play an important role. Can you tell us a little bit about the choice of songs? 
The choice of the type of songs to use was clear from the outset. The songs in the film are popular hits from the 90s. They correspond to what Julien listened to when he lived there. They basically function as memories that come back to him when he returns to his old haunts from way back when. He takes a dive back into his teenage years. For them to carry that emotional charge, the audience also had to have that Proustian madeleine feeling about at least one of the titles, or maybe even all of them! Popular hits have that power of bringing people together, of being vectors for shared memories.

How did you go about casting the roles? 
I immediately thought of Juliette (Armanet) for the role of Caroline. I’d met her a few years earlier and she had a cheekiness, she’s direct, which struck me. I thought she was rebellious and funny, which gives her a very sexy quality. That’s exactly what I imagined for the character. For Julien I didn’t have any preconceived ideas. It was my producers who told me about Bastien (Bouillon). We had coffee and I was blown away. There’s something original about his attitude and diction… he gives off a genuine sense of uniqueness in the way he talks and the way he uses his body. The three of us did a read-through. I wanted to see if the harmony that I’d sensed when I met them separately worked. The read-through was a decisive moment for me in the process of making the film. Something really happened, I mean I think all three of us realized right then that everything was going crazy good, that it was going to work. When they meet in the film, the characters haven’t seen each other for years but they know each other, and their familiarity has to be palpable without having to make it explicit. Juliette and Bastien had that.

As a filmmaker, what subjects and forms are you interested in exploring? 
It’s a little early to say, since this is my first fiction film, but in the different projects I’ve been able to carry out up to now (documentary, podcast, etc.), the idea of returning, of handing down from one generation to the next, of family and love, those are recurring themes. As for forms, I think I like things to be free, whatever they are.

What would you like to take on in the upcoming year?
I’m currently working on a script for a feature film adaptation of Partir un jour with my co-scriptwriter Dimitri Lucas. I also want to write a television series about a young woman who goes back to live in her hometown (obviously…) and I’m getting ready to direct season three of MENTAL for France TV Splash. I want to make adaptations… I have plenty of ideas, I just have to find the time to get them under way.

Is there a particular short film that has made a strong impression on you?
Yes, there’s a short film that made a big impression on me a couple of years ago. It’s called La Femme de Rio [Rio’s Wife] and it’s directed by Emma Luchini and co-written with Nicolas Rey. It’s about two people who meet and decide to live out their love story in one night, with all the intensity of a relationship that would have lasted their whole lives. It’s both poignant and funny, realistic and poetic… It’s lovely.

What’s your definition of a good film?
Haha, that’s a huge question…! I think a good film is a film that moves people. That dislodges something in them. Aggravates a feeling – any feeling. Something that reminds us we’re living beings.

Partir un jour [Bye Bye] is being shown as part of National Competition F11.

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Dernier verre avec Partir un jour

5 February 2022
Festival, Rencontre avec...
By Abla Kandalaft
  • Partir-un-jour-8-RVB

Entretien avec Amélie Bonnin, réalisatrice de Partir un jour

D’où vous est venue l’idée du personnage de Julien ? Pourquoi la Normandie ? 
L’idée est simplement d’un ressenti personnel, celui que j’ai d’être partie de l’endroit où j’ai grandi, et d’avoir toujours cette sensation ambiguë chaque fois que je reviens. Je me dis à la fois que je ne pourrais plus jamais y vivre, que je n’en ai pas du tout envie, et en même temps j’ai besoin d’y revenir régulièrement pour me sentir bien. Et puis il y a ce fantasme aussi de l’autre vie possible. Celle qu’on aurait eu si on était resté… et cette question : celles et ceux qui restent, où en sont-ils·elles ? Que sont-ils·elles devenu·es ? Est-ce qu’on a une chance de recroiser son amour de maternelle en accompagnant ses parents au même supermarché que celui où on allait quand on habitait encore là ? Il y a ce passage que j’aime beaucoup dans L’Horizon de Patrick Modiano qui dit “Il avait toujours imaginé qu’il pourrait retrouver au fond de certains quartiers les personnes qu’il avait rencontrées dans sa jeunesse, avec leur âge et leur allure d’autrefois.” C’est quelque chose qui m’a marquée parce que je me reconnais dans cette nostalgie, et dans cette idée un peu magique que revenir où on a grandi pourrait agir comme un retour dans le temps. Quant à la Normandie en réalité c’est un hasard… il se trouve que c’est la région qui la première a aimé le projet et a eu envie de le soutenir. Mais j’aimais cette idée que l’on ne soit pas loin de Paris. Que “la grande ville” soit accessible en quelques heures en voiture ou en train, et que pourtant quand on y vit, “la capitale” semble être un tout autre monde.

La musique et le chant jouent un rôle important. Pouvez-vous nous en dire plus sur le choix des chansons ? 
Le choix du type de chansons était une évidence dès le départ. Les chansons du film sont des tubes populaires des années 90. Elles correspondent à ce qu’écoutait Julien quand il vivait là. Elles agissent vraiment comme des souvenirs qui lui reviennent alors qu’il retrouve ces lieux qu’il n’a pas arpentés depuis longtemps. C’est comme une replongée en adolescence. Pour qu’elles puissent porter cette émotion-là, il fallait que les spectatrices et spectateurs puissent aussi ressentir cet effet madeleine de Proust sur l’un ou l’autre des titres, ou même tous ! Les hits populaires ont ce pouvoir-là, de réunir les gens, d’être vecteurs de souvenirs communs. 

Comment s’est déroulé le casting ? 
J’ai immédiatement pensé à Juliette (Armanet) pour le rôle de Caroline. Je l’avais croisée quelques années auparavant et elle avait un côté gouailleur, un franc-parler qui m’avait marquée. Je la trouvais frondeuse, drôle, ça lui donnait quelque chose de très sexy. C’est exactement ce que j’imaginais pour le personnage. Pour Julien je n’avais pas d’idée préconçue. Ce sont mes producteurs qui m’ont parlé de Bastien (Bouillon). On a pris un café et j’ai été emballée. Il y a une originalité dans son attitude, sa diction… il se dégage de lui, dans la façon dont il s’exprime et dont il joue avec son corps, une vraie singularité. On a fait une lecture tous les trois. Il s’agissait de voir si l’osmose que j’avais pressentie en les rencontrant séparément fonctionnait. Cette lecture a été un moment très marquant pour moi, dans le processus de fabrication du film. Il s’est vraiment passé quelque chose, c’est-à-dire que je crois que tous les trois on s’est dit à ce moment-là que ça marchait grave, que ça allait le faire. Quand ils se croisent dans le film, les personnages ne se sont pas vus depuis des années mais ils se connaissent et la complicité entre eux doit être palpable sans que l’on ait besoin de l’expliciter. Juliette et Bastien avaient ça. 

Qu’aimez-vous explorer comme sujets et formes en tant que cinéaste ? 
C’est un peu tôt pour le dire car il s’agit de mon premier film de fiction, mais dans les différents projets que j’ai pu mener jusqu’ici (documentaire, podcast…) l’idée du retour, de la transmission d’une génération à une autre, de la famille, de l’amour sont des thèmes récurrents. Quant à la forme je crois que je l’aime libre, quelle qu’elle soit. 

Sur quoi aimeriez-vous vous pencher dans l’année à venir ? 
Je travaille actuellement à l’écriture d’un long métrage adapté de Partir un jour avec Dimitri Lucas mon coscénariste. Il y a aussi une série que j’ai envie d’écrire sur une jeune femme qui retournerait vivre dans son village natal (décidément…) et je m’apprête à réaliser la saison 3 de la série MENTAL pour France TV Slash. J’ai des envies d’adaptations… Les idées ne manquent pas, il va falloir trouver le temps de les mettre en pratique. 

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
Il y a un court métrage qui m’avait beaucoup marquée oui il y a quelques années. Il s’appelle La Femme de Rio et il est réalisé par Emma Luchini, co-écrit avec Nicolas Rey. Ce sont deux personnes qui se rencontrent et qui décident de vivre leur histoire d’amour en une seule nuit, avec toute l’intensité qu’aurait une histoire qui aurait duré toute une vie. C’est à la fois poignant et drôle, réaliste et poétique… C’est très beau. 

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Haha vaste question… Je crois qu’un bon film est un film qui touche les gens. Qui vient bouger quelque chose chez eux. Exacerber un sentiment quel qu’il soit. Quelque chose qui nous rappelle que l’on est vivant·es.

Pour voir Partir un jour, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F11.

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