Breakfast avec The Nightwalk (Une nuit)
Entretien avec Adriano Valerio, réalisateur de The Nightwalk (Une nuit)
Comment avez-vous rencontré Jarvis ? S’est-il facilement ouvert à vous ?
Jarvis est l’un de mes meilleurs amis, avec qui j’entretenais depuis des années et j’entretiens toujours une relation très assidue. Le seul trou dans notre correspondance a eu lieu juste après son déménagement à Shanghai. J’ai compris après coup les raisons, qui sont l’un des sujets du film. Nous avons carrément écrit le scénario ensemble et il est l’auteur des photos qui sont la base du récit du film. Je pense d’ailleurs que ce film a été pour lui une façon de dépasser le traumatisme qu’il a vécu, en jonglent entre des éléments très personnelles de son histoire et quelques éléments de fiction.
Comment s’est déroulé le tournage ? Étiez-vous sur place ? Vous a-t-il envoyé des photos et des vidéos ?
Le film s’est fabriqué en mélangeant trois sources distinctes. D’abord les photos que je recevais de la part de Francesco/Jarvis, qui sont un élément documentaire de ce qu’il a vécu. Puis il y a une recherche d’archives, très libre, qui mélange des extraits de films et d’autres vidéos. Et une dernière partie que j’ai réalisée à distance, en communiquant avec l’équipe (à Shanghai) depuis mon bureau (à Paris). Il s’agit de la reconstruction fictionnelle de la vraie histoire de Francesco/Jarvis.
Pourriez-vous nous expliquer le choix du titre ?
Il s’inspire tout simplement d’une scène fondamentale du film. Une marche nocturne. J’ai voulu le garder en anglais car dans cette langue le mot dégage une force supérieure par rapport au français, où l’on est obligé à employer deux mots pour exprimer le même concept.
Sur quoi aimez-vous travailler en tant que réalisateur ?
J’aime beaucoup varier, que ce soit dans le format ou dans le genre. J’ai alterné des projets de long métrage et de court métrage, des documentaires et des fictions. J’ai eu la chance de tourner une série policière. Et mes projets futurs sont tout aussi bien mélangés. Dès qu’une histoire m’appelle – m’appelle vraiment – peu importe la forme ou la durée, je me lance.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Ma connaissance des mécanismes liés à la production/distribution n’est pas assez forte pour faire des prévisions sur le futur. En revanche je connais bien les festivals de courts métrages, et je me dis qu’il y a un lieu solide pour protéger ce format. En Italie, en particulier, les festivals sont une vraie forme de résistance contre un système de distribution bien moins riche que celui français. Mais il s’agit d’une résistance passionnée, avec des profondes racines et qui me fait bien espérer.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous ?
Je me dis toujours que ce qui compte vraiment, c’est de se souvenir de choisir. De donner de l’importance à ce mot. En ce qui concerne la diffusion de films avec les salles fermées, je peux dire MUBI, LaCinetek, Tënk, de vieux DVDs, peu importe. Pourvu qu’on soit capable de choisir où l’on veut chercher notre poésie et notre divertissement. Dans ce moment de l’histoire culturelle, si on n’est pas actif dans l’action de choisir, on choisira pour nous sans qu’on ne s’en soit même rendu compte. Si on est passif on est rapidement homologué, et on est culturellement mort.
Pour voir The Nightwalk (Une nuit), rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.